Comment dit-on les lettres de l’alphabet en arabe ?

“ Oummii ! akaltou tîinan ! “ (أُمِّي أَكَلْتُ طِينًا)

Voilà ce qu’a dit Mohamed âgé de 5 ans à sa mère en rentrant du parc tout content.

Cette phrase provoqua chez elle une légère panique.

↪ En même temps, c’est compréhensible, son fils vient de lui annoncer qu’il a mangé de la boue !

Très vite, après quelques questions, elle comprend que Mohamed a tout simplement mal prononcé une lettre d’un mot.

Elle l’a alors reprend en disant : “ Dis plutôt : akaltou tiinan “ (أَكَلْتُ تِينًا). Ce qui signifie “ J’ai mangé une figue “.

La phrase devient tout de suite beaucoup plus cohérente.

Chez les enfants, les fautes de prononciation sont très courantes du fait qu’ils sont encore en train de découvrir le langage…

Tout comme un débutant en langue arabe !

La prononciation est un pilier pour apprendre à parler l’arabe, car une lettre mal prononcée peut changer le sens d’une phrase, comme avec notre petit Mohamed.

Cela peut engendrer des incompréhensions et des quiproquos avec votre interlocuteur.

Cela peut également altérer le sens des paroles d’Allah lorsque vous récitez le Coran.

C’est donc une compétence qu’il faut acquérir dès les prémices de votre apprentissage de la langue arabe.

Pour bien faire, il faut apprendre à prononcer les lettres arabes correctement en même temps que vous apprenez l’alphabet.

Puis, en partant de cette base solide, vous vous perfectionnez avec le temps.

➡ Si vous sautez cette étape, vous prendrez de mauvaises habitudes qui seront très difficiles à corriger.

Pour vous dire, certains ont atteint un très bon niveau d’arabe à l’écrit, tant au niveau du vocabulaire que des règles de grammaire, mais quand ils s’expriment oralement, leur prononciation est équivalente à celle d’un débutant.

Prenez votre temps, donnez de l’importance à cette partie de votre apprentissage et ne la négligez surtout pas.

Sinon, vous risquez de perdre beaucoup de temps et d’énergie quand vous voudrez vous corriger par la suite, tout comme votre crédibilité pourrait en prendre un coup si vous ouvrez la bouche..

La prononciation des lettres est donc très importante en arabe et c’est ce que l’on appelle « les sorties de lettre ».

Le terme arabe que l’on emploie et que vous entendrez souvent est : makhaarij al hourouf (مَخَارِجُ الحُرُوف).

Les sorties de lettres peuvent aussi être désignées par “ les points de sorties de lettres “ ou “ les points d’articulation des lettres “.

C’est une science à part entière qui s’étudie également dans la science du tajwid (les règles de lecture du Coran).

Quels sont ces makhaarij et comment améliorer votre prononciation ?

C’est ce que nous vous proposons de découvrir aujourd’hui.

Les sorties de lettre

L’alphabet arabe comporte 28 lettres et chacune d’entre elles possède un point de sortie bien précis.

Au total, ces points d’articulation sont au nombre de 17 et sont regroupé en 5 points principaux :

  • La cavité orale, appelé en arabe “ al jawf “ (اَلْجَوْفُ) ;
  • La gorge, al halq (اَلْحَلْقُ) ;
  • La langue, al lisaan (اَللِّسَانُ) ;
  • Les lèvres, as-shafataani (اﻟﺸَّﻔَﺘﺎن) ;
  • La cavité nasale, “ al khaishoum “ (اﻟﺨَﻴﺸُﻮم).

Pour vous aidez à repérer chacun point de sortie plus facilement, prononcez chaque lettre avec un soukoun et faites-la précéder par une hamza avec une voyelle : (أَثْ) (أَبْ) (أَتْ)…

1/ La cavité orale

Dans la langue arabe, al jawf (الجَوْف) signifie “ le vide “.

Concernant la sortie des lettre, al jawf (الجَوْف) désigne le vide compris à l’intérieur de la bouche et de la gorge.

Cela correspond à la partie verte et bleue sur la photo ci-dessous.

cavite orale

De cette zone sortent 3 lettres appelées « hourouf al madd » (حرُوفُ المَدّ), c’est-à-dire “ les lettres d’allongement  » :

  • al yaa al maddiya (اليَاءُ المَدِّيَّة) ;
  • al waw al maddiya (الوَاوُ المَدِّيَّة) ;
  • al alif al maddiya (الأَلِفُ المَدِّيَّة).

Les lettres d’allongement ont la particularité de toujours avoir un soukoun (il est implicite, car il ne s’écrit pas) et d’être précédées par la voyelle qui leur correspond.

Chacune de ces lettres prolongent le son d’une voyelle, c’est la raison pour laquelle elles sont appelées “ voyelles longues “ en français.

Ainsi, le yaa al maddiya (اليَاءُ المَدِّيَّة) est un yaa avec un soukoun précédé d’une kasra.

Il prolonge le son “ i “ : (ـِي) prononcez “ ii “.

Le waw al maddiya (الوَاوُ المَدِّيَّة) est un waw saakin (avec un soukoun) précédé d’une dâmma.

Il prolonge le son “ ou “ : (ـُو) prononcez “ ouu “.

Enfin, le alif al maddiya (الأَلِفُ المَدِّيَّة) est un alif saakin précédé d’une fatha.

Il prolonge le son “ a “ : (ـَا) prononcez “ aa “.

Ces trois lettres se prononcent uniquement avec la cavité orale, à aucun moment le nez ne doit être sollicité.

Aucun membre n’intervient et le son s’arrête en même que l’air qui sort de cette zone.

2/ La gorge

Al halq (الحَلْق) correspond à la zone comprise entre le larynx et la luette.

Cela correspond à la partie bleue sur la photo ci-dessous.

la gorge

Six lettres proviennent de la gorge réparties sur trois points d’articulations :

  • aqsâ al halq (أَقْصَى الحَلْق) ;
  • wasat al halq (وَسَطُ الحَلْق) ;
  • adna al halq (أَدْنَى الحَلْق).

a- Aqsâ al halq

Aqsâ al halq désigne l’endroit le plus éloigné de la gorge.

Ce point de sortie est situé au niveau du larynx et des cordes vocales.

aqsa el haq

Les lettres qui sortent du fond de la gorge sont au nombre de 2 : al hamza (الهَمْزَة) et al haa (الهَاء).

La hamza (ء) et le haa (ه), bien qu’elles sortent du même endroit, ne se prononcent pas de la même manière.

Al hamza
La hamza fait partie des lettres qui s’appuient grandement de leur point de sortie.

De ce fait, lorsqu’elle est prononcée correctement, on localise facilement l’endroit d’où elle provient.

Pour repérer son point de sortie, faites précéder la hamza d’un “ baa “ avec une fatha et prononcez-la avec un soukoun : (بَأْ).

Vous remarquerez qu’en la prononçant, l’air et le flux sonore se retrouvent freinés et ne circulent pas librement.

Concrètement, comment se prononce la hamza ?

Tout dépend de sa voyelle :

  • si elle porte un soukoun (أْ), les cordes de vocales doivent être éloignées, puis entrer en collision ;
  • si elle est accompagnée d’une dâmma (أُ), d’une fatha (أَ) ou d’une kasra (إِ), c’est l’inverse : les cordes vocales sont collées, puis s’éloignent l’une de l’autre.

Al haa
A l’inverse, le haa fait partie des lettres qui ne s’appuient pas beaucoup sur leur point de sortie,

Le haa se prononce en ouvrant les cordes vocales : l’air et le flux sonore passent librement sans être obstrués.

En prononçant le haa avec un soukoun et en la précédant d’un “ baa “ avec une fatha (بَهْ), vous pourrez ressentir plus facilement le mécanisme.

Procédez ainsi pour toutes les lettres suivantes.

b- Wasat al halq

Wasat al halq désigne le milieu de la gorge.

Le milieu de la gorge est un point de sortie situé à l’arrière de la langue, au niveau de l’épiglotte (à ne pas confondre avec la glotte ou la luette) et du pharynx.

wasat al halq

De cette zone proviennent également 2 lettres : al 3ain (العَيْن) et al haa (الحَاء).

Cependant, elles ne se prononcent pas de la même façon.

Al 3ain
Le 3ain s’appuie sur son point de sortie, ce qui obstrue la sortie de l’air.

Le flux sonore n’est quant à lui que partiellement freiné : il n’est pas bloqué comme c’est le cas de la hamza, mais il ne circule pas librement comme c’est le cas du haa.

C’est pour cette raison que l’épiglotte est dirigée vers l’arrière de la gorge pour restreindre cette zone, comme sur le schéma ci-dessus.

Al haa
Quant au haa, cette lettre ne s’appuie pas beaucoup sur son point de sortie pour pouvoir être prononcée.

De ce fait, l’air et le son circulent librement, contrairement au 3ain.

Sur le schéma, vous remarquerez que l’épiglotte ne se dirige pas vers l’arrière : cette zone est plus vaste que pour la lettre 3ain.

c- Adna al halq

Adna al halq désigne l’endroit le plus proche de la gorge.

Le début de la gorge est le point d’articulation le plus proche de la base de la langue et se situe juste avant la luette à l’entrée de la gorge.

De cette zone sortent 2 autres lettres : al ghain (الغَيْن) et al khaa (الخَاء).

adna al halq 1 adna al halq 2

Ce sont des lettres emphatiques, c’est-à-dire qu’elles ont un son grave.

Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus, cette tonalité s’obtient en gonflant l’arrière de la langue et en la rapprochant de la partie la plus charnue du palais, juste avant la luette.

Ces 2 lettres laissent le flux sonore circuler librement, leur différence se trouve au niveau de l’écoulement de l’air.

Al ghain
La ghain ressemble énormément à la lettre “ r “ en français : Robert.

Lorsque l’on prononce la lettre ghain, l’air est freiné.

En observant la photo, on remarque que le point de sortie du ghain est situé au niveau de la luette, plus bas que celui du khaa.

Al khaa
Le son du khaa n’existe pas en français, mais pour ceux qui ont appris l’espagnol, le khaa est très proche de la lettre “ j “ : Julio.

Lorsque l’on prononce le khaa, l’air circule librement, car cette lettre ne s’appuie pas beaucoup sur son point de sortie.

En se référant à la photo, on remarque que le point de sortie de du khaa est situé plus haut que celui du ghain.

3/ La langue

Parmi les 5 principaux de sortie de lettres, la langue est celle qui permet de prononcer le plus de lettres : 18.

C’est la raison pour laquelle la langue est surnommée en arabe “ abu al hourouf “ (أَبُو الحُرُوف) : le père des lettres.

Avec pas moins de 10 points d’articulation, al-lisaan est également la plus fournie à ce niveau.

Ces 10 points se répartissent sur 4 zones :

  • aqsâ al-lisaan (أَقْصَى اللِّسَان) ;
  • wasat al-lisaan (وَسَطُ اللِّسَان) ;
  • haafat al-lisaan (حَافَةُ اللِّسَان) ;
  • târafou al-lisaan (طَرَفُ اللِّسَان).

langue

a- Aqsâ al-lisaan

Aqsâ al-lisaan désigne la partie de la langue la plus éloignée de la bouche, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus.

De cette zone sortent 2 lettres : al qaaf (القَاف) et al kaaf (الكَاف).

La différence de prononciation entre ces deux lettres se joue au niveau :

  • du palais
  • et de leur tonalité.

Al qaaf
Le qaaf s’obtient par l’arrière de la langue qui vient toucher la partie postérieure et molle du palais (aussi appelé voile du palais) qui est proche de la luette.

qaf

Le qaaf est une lettre emphatique, ce qui implique de gonfler l’arrière de la langue vers le haut du palais, ce qui n’est pas le cas du kaaf.

Al kaaf
Le kaaf se prononce également avec l’arrière de la langue, mais elle va entrer en contact avec la partie molle et dure du palais, juste devant le point d’articulation du qaaf.

kaf

Pour résumer, ces deux points de sorties sont très proches, mais celui du qaaf est le plus proche de la gorge et celui du kaaf est le plus proche des lèvres.

b- Wasat al-lisaan

Wasat al-lisaan désigne le milieu de la langue.

Ce point de sortie concerne trois lettres : al jiim (الجِيم), as-shiin (الشِّين) et al yaa (اليَاء).

A noter que le yaa ne devra pas avoir de soukoun, ni être précédée d’une kasra (ـِي), auquel cas il s’agirait du yaa d’allongement dont le point de sortie est al jawf, comme nous l’avons vu précédemment.

Si ces lettres ont un point de sortie similaire, elles se prononcent de manière différente.

Al jiim
Lorsque l’on prononce la lettre jiim, le milieu de la langue vient toucher fortement la partie située entre le haut et l’avant du palais.

jim

Pour prononcer cette lettre, il faut veiller à deux choses :

  • le bout de la langue doit rester vers le bas de la bouche, dans le cas contraire la lettre ressemblera à un daal (د) ;
  • le milieu de la langue doit impérativement toucher le palais, sinon la lettre ressemblera à un shiin (ش).

Le jiim s’appuie fortement sur son point de sortie, ce qui a pour effet de freiner l’air et le flux sonore.

As-shiin
Le shiin se prononce en remontant le milieu de la langue vers le haut du palais, sans que celle-ci ne rentre en contact avec lui.

shin

Le bout de la langue quant à lui, doit rester vers le bas de la bouche.

Le point de sortie de cette lettre ne touchant pas le haut du palais, l’air tout comme le son s’écoulent sans obstruction et les cordes vocales sont ouvertes.

Al yaa
Enfin la lettre yaa, se prononce également en rapprochant le milieu de la langue avec le haut du palais sans le toucher et en laissant le bout de la langue vers le bas de la bouche.

ya ghayr madiyya

Lorsque l’on prononce le yaa :

  • l’air est freiné, contrairement à la lettre shiin ;
  • la langue ne rentrant pas en contact avec le palais, le flux sonore circule librement contrairement à la lettre jiim.

c- Haafat al-lisaan

Le terme haafat al-lisaan désigne le bord, le côté de la langue.

Ce point de sortie permet de prononcer 2 lettres : ad-dâad (الضَّاد) et al-laam (اللَّام).

Ad-dâad
Le dâad est sans aucun doute la lettre la plus difficile à prononcer (correctement) de l’alphabet arabe.

Il y a 3 trois manières de la prononcer :

  • avec le côté gauche de la langue, c’est le plus répandu et le plus facile ;
  • avec le côté droit de la langue, ce qui est plus difficile et plus rare ;
  • avec les deux côtés de la langue ensemble, ce qui est encore plus difficile et plus rare que le côté droit seul.

dad

Le schéma ci-dessus nous donne un aperçu du palais et de la position de la langue dans la bouche.

Pour sortir la lettre dâad de son véritable point d’articulation, il y a plusieurs choses à respecter.

1. Le côté de la langue doit toucher et appuyer fortement sur les molaires et les prémolaires supérieures.

Ce qui correspond aux petits carrés bleus sur le schéma ci-dessus.

Les molaires, ce sont en réalité les gencives ; la langue ne doit pas se poser sur les molaires et ne déborde que légèrement sur les dents.

2. Le dâad est une lettre emphatique, l’arrière de la langue doit donc également monter vers le haut du palais .

3. Le bout de la langue doit toucher la zone du palais située juste avant la gencive des incisives supérieures. Le contact est beaucoup moins appuyé que sur les molaires.

Cette zone est représentée par des petits carrés jaunes sur la photo.

4. Le milieu de la langue ne doit pas entrer en contact avec le palais afin qu’un creux se forme au niveau de cette partie de la langue.

Si ces points ne sont pas respectés, le point de sortie de la lettre va changer, et cette dernière ressemblera à un dhâa (ظ) ou un daal (د) prononcé avec un son grave.

Le deuxième schéma ci-dessous nous donne un aperçu des différentes parties de la langue qui entrent en contact avec le palais.

La partie verte correspond aux zones de fortes pressions et la partie jaune correspond aux parties qui se touchent sans pression.

bouche langue

Al-laam
La lettre laam se prononce quant à elle avec un des deux côtés de la langue.

En se référant au schéma ci-dessous, on voit que cette zone s’étend du côté de la langue le plus proche de la bouche (1) – juste après le point de sortie du dâad – jusqu’à son extrémité (2).

bouche langue 2

Cette partie de langue doit appuyer sur les gencives supérieures situées entre les prémolaires et les incisives.

langue dent

Toute la langue s’élève vers le haut, mais il ne faut pas que les deux côtés de la langue entrent en contact avec les gencives de manière égale : un des deux côtés doit prendre appui plus que l’autre.

Le flux sonore doit sortir de part et d’autre de la langue et non pas par le nez, sinon la lettre ressemblera à un nouun (النُّون).

Le laam n’étant pas une lettre emphatique, l’arrière de la langue s’élever afin de ne pas former un creux au milieu de la langue… sauf pour le mot “ Allah “ (اللَّه), qui lui, se prononce de manière grave.

d- Târaf al-lisaan

Le terme târaf al-lisaan signifie le bout de la langue.

Avec 11 lettres, c’est le point de sortie le plus fourni :

  • an-nouun (النُّون)
  • ar-raa (الرَّاء)
  • ad-daal (الدَّال)
  • at-taa (التَّاء)
  • at-tâa (الطَّاء)
  • as-sâad (الصَّاد)
  • az-zay (الزَاي)
  • as-siin (السِّين)
  • ad-dhâa (الظَّاء)
  • ad-dhaal (الذَّال)
  • at-thaa (الثَّاء).

An-nouun
La lettre nouun se prononce avec le bout de la langue qui entre en contact avec la gencive des incisives supérieures centrales.

Ce point de sortie doit également être accompagné d’une ghunna (غُنَّة), c’est-à-dire un nasillement.

noun

Lorsque le flux sonore atteint le point de contact entre la langue et les gencives, il ne trouve pas de place pour continuer son chemin, le son se dirige alors vers la cavité nasale (al khaishoum), ce qui engendre ce nasillement.

On dit que le khaishoum complète le point de sortie de la lettre nouun.

Ar-raa
Le point d’articulation de la lettre raa est très proche de celui du laam.

Le bout de la langue doit venir toucher à hauteur de la gencive des incisives supérieures centrales, à la différence qu’ici c’est l’arrière du bout de la langue et non l’extrémité.

ra 1

Lorsque l’on prononce la lettre raa, une légère vibration au niveau de la langue doit se faire entendre.

Pour que cela soit possible, la langue ne doit pas appuyer trop fort sur son point de sortie, auquel cas le son ne pourra pas sortir.

Cependant, elle doit toucher suffisamment les gencives afin d’engendrer une vibration du bout de la langue.

Si le contact est trop faible, cela va exagérer cette vibration, donnant l’impression de prononcer plusieurs lettres raa à la suite.

La langue ne doit pas toucher les dents, ni la partie du palais située juste après les gencives.

Enfin, selon le contexte, la lettre raa peut se prononcer de manière :

  • emphatique, ce qui implique de relever le fond de la langue (1) ;
  • ou aminci, ce qui implique de ne pas relever le fond de la langue (2).

ra 2

Ad-daal, at-taa, at-tâa
Ensuite, nous avons 3 lettres qui ont exactement le même point de sortie : le daal (الدَّال), le taa (التَّاء) et le tâa (الثَُاء).

Le bout de la langue doit entrer fermement en contact avec la base des incisives supérieures centrales.

dal ta

Comme pour la lettre raa, c’est plus précisément le dessous du bout de la langue qui touche le point de sortie, à la différence que le raa ne s’appuie que sur le début de l’arrière de la langue, alors que pour ces trois lettres, la zone est un plus élargie.

Commençons par la lettre tâa.

Lorsque l’on prononce cette lettre :

  • les cordes vocales doivent vibrer ;
  • le bout de la langue doit appuyer fortement sur les incisives ;
  • le fond de la langue doit se rapprocher du palais, car c’est une lettre emphatique.

ta

Relever l’arrière de la langue et appuyer fortement sur les dents va empêcher l’air et le son de sortir jusqu’à ce que les deux parties se séparent, donnant la puissance au son de cette lettre.

Concernant la lettre daal, c’est exactement la même chose que le tâa, à une différence près et pas des moindres : le fond de la langue ne doit pas monter vers le palais, car ce n’est pas une lettre emphatique.

dal ta 2

Enfin, la lettre taa se prononce comme le daal, sauf que les cordes vocales ne doivent pas vibrer.

Lorsque l’on prononce le taa, le flux sonore s’arrête au niveau du point de sortie, mais celui s’ouvre pour que l’air puisse sortir.

Il y a donc deux différences entre le daal et le taa :

  • les cordes vocales vibrent avec la lettre daal, pas avec le taa ;
  • le point de sortie reste fermé avec la lettre daal, pas avec le taa.

As-sâad, az-zay, as-siin
Les 3 lettres suivantes ont également un seul et même point d’articulation : as-sâad (الصَّاد), az-ay (الزَّاي) et as-siin (السِّين).

Pour les prononcer, le bout de la langue doit toucher le haut des incisives inférieures centrale.

sin zay sad

Ces trois lettres sont accompagnées d’un son ressemblant à un sifflement, dû au fait que la zone de sortie du flux sonore est étroite.

Quand le bout de la langue touche les incisives inférieures, un petit espace doit se former entre les dents du haut et celles du bas pour que le son passe entre les incisives supérieures et inférieures.

Si les dents se touchent, l’air et le son ne peuvent pas sortir de manière fluide, et si elles sont trop éloignées, la lettre ne sera pas accompagnée de son sifflement.

Comment différencier ces 3 lettres ?

La lettre sâad a la particularité d’être une lettre emphatique, il faut donc rapprocher le fond de la langue du palais lorsque l’on prononce cette lettre.

La deuxième lettre, la lettre zay, ce n’est pas une lettre emphatique, il ne faut donc pas relever le fond de la langue lorsqu’on la prononce.

Sa particularité vient du fait que les cordes vocales doivent vibrer lorsqu’on la prononce, sinon il y aura juste de l’air et la lettre deviendra un siin.

Quant à la lettre siin, elle se prononce sans relever le fond de la langue et sans faire vibrer les cordes vocales.

Ad-dhâa, ad-daal, at-taa
Nous arrivons aux 3 dernières lettres dont le point de sortie est situé sur le bout de la langue : ad-dhâa (الظَّاء), ad-dhaal (الذَّال) et at-thaa (الثَّاء).

Ici, le bout de la langue doit toucher l’extrémité des incisives supérieures centrales et ressortir légèrement entre les dents.

dhal tha zha

En prononçant ces trois lettres, on remarque que le son arrive en premier lieu au niveau des gencives supérieures.

La lettre dhâa se différencie des deux autres du fait que ce soit une lettre emphatique, il faut donc relever le fond de la langue en la prononçant.

Le dhaal et le thaa ne sont pas emphatiques, mais diffèrent entre elles au niveau de l’utilisation des cordes vocales.

La lettre thaa doit être accompagnée d’air : les cordes vocales sont ouvertes et ne vibrent pas..

Alors que lorsque l’on prononce la lettre dhaal, le contact avec les dents est un peu plus appuyé et les cordes vocales vibrent : il n’y a pas de flux d’air qui accompagne cette lettre.

4/ Les lèvres

Le terme as-shafataani (الشَّفَتَان), qui constitue le 4éme et avant dernier point d’articulation des lettres arabes, désigne en arabe les lèvres.

Les lèvres ont deux points d’articulation, dont sortiront 4 lettres :

  • batn as-shafa as-soufla (بَطْنُ الشَّفَةِ السُفْلَى)
  • maa bayna as-shafatayni (مَا بَيْنَ الشَّفَتَيْنِ).

a- Batn as-shafa as-soufla

Ce terme signifie l’intérieur de la lèvre inférieure.

De cette zone ne sort qu’une seule lettre : al faa (الفَاء).

Pour prononcer le faa, les incisives supérieures centrales doivent toucher l’intérieur de la lèvre inférieure

.fa

Cette lettre se prononce par un rétrécissement du point de sortie.

Le contact entre les deux parties est léger.

Pour concrétiser cela, les dents doivent rester visibles, sinon le contact sera trop fort et la lettre impossible à prononcer.

air bouche

b- Maa bayna as-shafatayni

Ce terme indique la partie comprise entre les deux lèvres.

Ce point de sortie concerne 3 lettres : al waw (الوَاو), al baa (البَاء) et al miim (المِيم).

Pour chacune d’elles, les lèvres prennent une apparence différente, ce qui engendre un son différent.

Al waw
Tout d’abord, concernant la lettre waw, rappelons que son point d’articulation est situé au niveau des lèvres, mais cela n’est valable qu’à une condition : qu’elle ne soit pas être précédée d’une dâmma tout en portant un soukoun : (ـُو).

Dans le cas contraire, il s’agit alors d’un waw d’allongement, al waw al maddiyya (الوَاوُ المَدِّيَّة), dont le point de sortie est la cavité buccale, comme nous l’avons vu au début de l’article.

En dehors de ce cas, la lettre waw se prononce en regroupant les lèvres vers l’avant et en formant un petit rond au milieu des lèvres.

waw ghayr madiyya

Al baa
La lettre baa se prononce en joignant les lèvres l’une sur l’autre.

ba

Le contact entre les deux lèvres doit être complet et appuyé. Cela va freiner l’air et le flux sonore. Les cordes vocales doivent donc vibrer pour obtenir le son de cette lettre.

Al miim
Enfin, la lettre miim se prononce en joignant les lèvres l’une sur l’autre de manière naturelle et être accompagnée d’un nasillement provenant de la cavité nasale, comme la lettre nouun.

mim

Lorsque les lèvres entrent en contact, le flux sonore ne peut pas sortir.

Il se dirige alors vers al khaishoum pour compléter le point de sortie de cette lettre, provoquant ainsi ce nasillement, al ghuna (الغُنَّة).

5/ La cavité nasale

Le terme arabe “ al khaishoum “ (الخَيْشُوم) désigne la cavité nasale. Cette zone est située à l’arrière du nez, au-dessus du palais.

Al khaishoum est le point de sortie de ce qu’on appelle al ghuna (الغُنَّة) qui signifie “ le nasillement  ».

Al ghuna est un son qui provient de la cavité nasale complètement indépendant de l’utilisation de la langue.

Il accompagne obligatoirement et complète deux lettres que nous avons déjà évoquées : le nouun (النُّون) et le miim (المِيم).

noun mim

C’est sur al ghunna que s’achève la partie théorique des sorties des lettres arabes.

Sachez, que cela ne vous sera pas d’une grande utilité si vous ne les mettez pas en pratique.

Ensemble, voyons quelques pistes qui vous permettront d’acquérir une prononciation correcte le plus rapidement possible.

Comment améliorer sa prononciation en arabe ?

Dans n’importe quel domaine (sport, activité manuelle…), si vous souhaitez acquérir un mouvement fluide et bien exécuté, vous devez vous exercez et le répétez sans ménager vos efforts.

La langue arabe n’échappe pas à cette règle.

Pour parvenir à prononcer les lettres arabes de manière correcte, la pratique est indispensable.

Les lettres arabes ont des points de sorties complètement différents de notre alphabet et sollicitent des zones que nous n’utilisons pas dans la langue française.

Cela demande donc une véritable gymnastique.

Je me souviens que certains professeurs en Egypte nous conseillaient de répéter la prononciation des lettres devant un miroir pour mieux visualiser les mouvements de la bouche.

Pour appliquer la partie théorique que nous avons vu précédemment, vous pouvez essayer de participer à des groupes d’expressions orales.

L’avantage avec ces groupes, c’est que vous n’êtes pas confronté aux regard des autres qui peuvent inhiber certaines personnes et les empêcher de pratiquer oralement la langue arabe.

C’est d’ailleurs dans cette optique que nous avons intégré à notre formation payante un groupe de ce genre.

Nos élèves s’y expriment en arabe et s’entraident, ce qui leur permet de progresser plus rapidement, de gagner en confiance et de bénéficier d’une certaine immersion dans la langue arabe.

Quelle est la grosse plus-value de notre groupe d’expression orale ?

C’est un groupe supervisé par Nazmi, le professeur d’apprendre l’arabe facilement.

Les élèves ne sont donc pas livrés à eux-même et bénéficient des conseils d’un enseignant ayant étudié en Egypte, recommandé par ses anciens professeurs.

Pour une immersion complète, optez pour le tourisme linguistique et voyager vers les pays arabophones, c’est le meilleur moyen de vivre avec cette langue.

En vacant à vos activités quotidiennes, vous aurez d’innombrables occasions pour vous exprimer en arabe.

Vous mettrez en pratique vos acquis, apprendrez de nouveaux mots et de nouvelles expressions beaucoup plus rapidement.

En plus de participer à des groupes d’expression et de faire des voyages linguistiques, habituez votre oreille à l’écoute de la langue arabe.

Cela aura pour effet d’accélérer l’assimilation du vocabulaire et de sa prononciation, vous pourrez ainsi vous exprimer en arabe plus facilement.

De nous jours, les moyens pour écouter des arabophones sont très nombreux et très accessibles :

  • regarder des documentaires animaliers ;
  • regarder le journal télévisé ;
  • écouter des émissions de radio ;
  • regarder des vidéos de recettes ;
  • regarder des tutoriels en langue arabe ;
  • écouter des cours religieux ;
  • écouter le Coran.

Plus vous pratiquerez et serez régulier, plus vous progresserez.

Si vous éprouvez des difficultés dans votre apprentissage, ne désespérez pas et persévérez.

Méditez cette sagesse citée par le noble Shaykh Al Uthaymin (رَحْمَهُ اللَّه) pour celui qui éprouverait des difficultés dans son apprentissage.

Il raconte qu’un homme n’arrivait pas à apprendre la grammaire arabe.

Un jour, il aperçut une fourmi qui essayait d’escalader un mur en transportant de la nourriture.

A chaque fois qu’elle s’élevait, elle retombait avec sa nourriture, incapable de continuer son chemin.

Cela se produisit plusieurs fois de suite.

Cependant, elle persévéra jusqu’à réussir à escalader le mur avec sa nourriture.

Il dit alors : “ Cette fourmi a endurée, n’a pas désespérée et elle a fini par atteindre son but. Pourquoi moi, ne devrais-je pas continuer ?!

C’est ainsi qu’il persista et continua d’étudier la grammaire jusqu’à devenir un imam dans cette science.

Quel que soit ton niveau, comprends enfin l'arabe littéraire comme il se doit