Comment on appelle les accents en arabe ?

Selon vous, quelle phrase est-elle la plus correcte ?

  • Je veux apprendre à lire l’arabe sans les accents ;
  • Je veux apprendre à lire l’arabe sans harakat.

↪ Réponse : la première.

Si pour certains ces deux phrases auront exactement le même sens, dans les faits il n’en est rien.

En français, le terme “ accents “ est général, alors que le terme arabe “ harakat “ (الحَرَكَات) est plus restrictif.

En réalité, les harakat sont ce que nous appelons communément les voyelles et elles ne représentent qu’une catégorie parmi les accents présents dans la langue arabe.

Cependant, en dehors des voyelles, il existe d’autres accents. il convient donc d’utiliser un terme arabe plus en adéquation avec ce que nous considérons comme des accents : al ashkal (الاَشْكَال).

« Al ashkal », que l’on peut traduire linguistiquement par “ les formes/les symboles “, est un terme général qui englobe les harakat, ainsi que tous les autres accents.

Lorsque l’on retranscrit les accents sur les lettres arabes, on fait ce que l’on appelle “ le tashkil “ (التَّشْكِيل) : on écrit “ al ashkal “ (les accents) sur les lettres.

Nous connaissons désormais le terme équivalent en arabe des accents, mais la comparaison entre les deux langues s’arrête là.

En effet, en arabe, les accents peuvent s’ajouter au-dessus ou en dessous des lettres et produisent chacun un son différent.

Il faut savoir que dans la langue arabe, les accents n’ont pas la même fonction que dans la langue française.

➡ En français, les accents ont 3 rôles principaux :

  • indiquer des prononciations différentes ;
  • distinguer des homonymes ;
  • indiquer la trace d’une lettre qui a disparu.

➡ Alors qu’en arabe, parmis leurs différentes fonctions, les accents :

  • permettent de prononcer une lettre et donc des mots ;
  • indiquent la fonction grammaticale d’un mot ;
  • impactent directement sur le sens du mot.

Dans la langue arabe, les accents revêtent donc une importance considérable dans la formulation et la compréhension des mots, mais également au niveau du sens des phrases.

Une erreur de harakat et c’est le drame ! Votre interlocuteur pourrait ne pas vous comprendre ou comprendre l’inverse de ce que vous vouliez exprimer.

Cela peut même avoir une incidence sur les croyances d’une personne.

C’est pour cela que les arabes accordaient un grand intérêt à la maîtrise de la langue arabe, langue du Coran et de l’Islam, au point de comparer les erreurs de harakat à la mauvaise apparence et de blâmer les erreurs grammaticales,

J’en veux pour preuve, la parole de l’érudit Abdoullah Ibn Al Moubarak qui a dit : « Les erreurs de langage sont pires que les effets de la variole sur le visage ».

Les origines de l’écriture arabe

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il n’y a pas de mal à faire un petit rappel.

Quelles sont les catégories d’accents dans la langue arabe ?

Les accents sont de 7 catégories :

  • les voyelles courtes ;
  • la voyelle sourde ;
  • le tanwin (التَّنْوِين) ;
  • la shadda (الشَّدَّة) ;
  • le mad (المَدُّ).

1/ Les voyelles courtes

Les voyelles courtes sont ce que l’on appelle en arabe les harakat (الحَرَكَات) et, désignées comme telle, sont au nombre de 3 :

  • la dâmma (الضَّمَّة)
  • la fatha (الفَتْحَة)
  • la kasra (الكَسْرَة)

Comment les reconnaître ?

Chaque harakat est représentée par un accent différent.

Ainsi, la dâmma prend la forme d’un petit 9 au-dessus des lettres : (ـُ).

La fatha est représentée par un petit trait oblique que l’on écrit au-dessus des lettres : (ـَ).

Enfin, la kasra est également représentée par un petit trait oblique, mais s’écrit quant à elle en dessous des lettres : (ـِ).

Une harakat peut aussi bien être au début, au milieu ou à la fin d’un mot.

2/ La voyelle muette

La voyelle sourde, plus connu sous le terme arabe « soukoun » (السُّكُون), est représentée par un petit cercle que l’on écrit au-dessus des lettres : (ـْ).

Il est généralement cité avec les harakat, mais il n’est pas considéré comme tel à proprement parler et ne s’écrit jamais sur la première lettre d’un mot.

3/ Le tanwin

Visuellement, le tanwin ressemble de très près aux harakat, à la différence que la voyelle sera ici doublée.

Qu’entend-on par voyelle doublée ?

Cela signifie simplement que la même harakat sera écrite deux fois au-dessus de la lettre.

Le tanwin est donc de 3 catégories :

  • tanwin dâmma (التَّنْوِينُ بِالضّمَّة) ;
  • tanwin fatha (التَّنْوِينُ بِالفَتْحَة) ;
  • tanwin kasra (التَّنْوِينُ بِالكَسْرَة).

Le tanwin dâmma s’écrit avec deux dâmma au-dessus de la lettre (ـٌ), le tanwin fatha avec deux fatha (ـً) et le tanwin kasra avec deux kasra en dessous de la lettre (ـٍ).

Autre différence entre une voyelle courte et une voyelle doublée : un tanwin ne s’écrit qu’à la fin des mots.

4/ La shadda

A l’écrit, une shadda se présente sous la forme d’un petit “ m “ au-dessus de la lettre (ـّ) et a la particularité d’être toujours accompagnée d’une des trois harakat.

La shadda indique que cette lettre (et non pas la voyelle) est doublée.

5/ Le mad

En dehors du Coran, vous ne rencontrerez pas cet accent très souvent et il ne concerne que très peu de mots.

A l’écrit, un mad prend la forme d’une petite vague au-dessus de la lettre et indique une prolongation : (آ).

Les accents en arabe modifient le son d’une lettre

Maintenant que vous visualisez l’écriture de chacun de ces accents et que vous savez les reconnaître, vous devez savoir qu’ils vont modifier le son de la lettre.

En effet, lorsque vous mémorisez l’alphabet, vous apprenez les lettres arabes par leur nom : èlif, jiim, noun, miim…

Cependant, quand ces lettres composent un mot, on ne va plus les prononcer selon leur nom, mais en fonction de/des accent(s) qui lui est (sont) assigné(s).

Chacune des lettres de l’alphabet arabe peut se prononcer avec un des cinq accents cités précédemment : les harakat, le soukoun, le tanwin, la shadda et le mad.

Toutes les lettres qui composent un mot s’écrivent et se prononcent obligatoirement avec un de ces accents, car bien que les arabes ne les retranscrivent que très rarement, ils sont implicites et de ce fait présents à l’oral.

Chacun de ces accents modifiants le son de la lettre d’une manière différente, nous allons les détailler en fonction de leur catégories.

1/ Les voyelles courtes

Ces 4 harakat produisent toutes un son différent :

  • la dâmma (ـُ) produit le son “ ou “ ;
  • la fatha (ـَ) produit le son “ è “ ;
  • la kasra (ـِ) produit le son “ i “.

Pour que cela soit plus clair, voyons la prononciation de la lettre “ ba “ (ب) avec chacune de ces harakat :

  • le “ ba “ avec la dâmma (بُ) se prononce “ bou “ ;
  • le “ ba “ avec la fatha (بَ) se prononce “ bè “ ;
  • le “ ba “ avec la kasra (بِ) se prononce “ bi “.

2/ La voyette muette

Le soukoun ne produit pas de son, c’est la raison pour laquelle il est appelé en français “ voyelle muette “ : si une lettre est accompagnée d’un soukoun on entendra seulement le début de celle-ci.

Pour bien se rendre compte du son produit par le soukoun, le mieux est encore de le faire précéder d’une autre lettre.

Ainsi, le “ ba “ avec un soukoun (بْ) précédé d’un alif avec une fatha (أَبْ) se prononce “ ab “.

Que remarque-t-on ?

On remarque que seul le début de la lettre “ ba “ (ب) est prononcé, sans aucun son supplémentaire, car c’est ce qui est généré par les harakat, les voyelles courtes.

3/ Le tanwin

Nous avons dit précédemment qu’un tanwin est une voyelle doublée, mais quel son cela va-t-il générer ?

Le son produit est équivalent à une des 3 voyelles courtes suivi d’un noun avec un soukoun (نْ).

Ainsi, le tanwin dâmma (ـٌ) se prononce “ oun “, le tanwin fatha (ـً) se prononce “ èn “ et le tanwin kasra (ـٍ) se prononce « in ».

Par exemple, le mot “ bayt “ (بَيْت) se termine par un tanwin dâmma :

  • on écrit deux dâmma au-dessus de la dernière lettre (بَيْتٌ) ;
  • on prononce “ baytoun “ comme s’il s’écrivait (بَيْتُنْ).

4/ La shadda

Nous savons que ce petit “ m ” à l’envers est appelé shadda, mais quelle est la raison de cette appellation ?

Linguistiquement, la shadda peut se traduire par “ le serrage “, donc quand une lettre portera une shadda, cela impliquera de serrer la lettre au moment de la prononcer.

Concrètement, il faut appuyer sur la lettre lorsqu’on la prononce, comme s’il y en avait deux.

Par exemple, le mot “ oummi “ (أُمِّي) s’écrit avec une shadda sur le mim (مِّ). ce qui signifie qu’il faut insister sur le mim lors de sa prononciation : ou-m-mi (أُ-مْ-مِ-ي).

5/ Le mad

Cette petite vague (~) appelée mad, indique que la voyelle doit avoir une durée de prononciation un peu plus longue.

En dehors de la récitation du Coran qui a des règles spécifiques (le tajwid), un mad indique toujours la prolongation d’une fatha, et ce, pour une durée de deux temps.

Par exemple, le mot “ al aana “ (الآنَ) qui signifie “ maintenant “, commence par un alif avec une petite vague (آ), cela indique qu’il faut allonger le son de la fatha : « aa ».

Comme vous pouvez le constater, les accents dans la langue arabe ont un rôle différent des accents présents dans la langue française.

La première des choses est qu’il est possible de les écrire sur n’importe quelle lettre de l’alphabet et cela aura pour effet de modifier le son de cette lettre… mais pas seulement et c’est que nous allons découvrir tout de suite.

Les accents modifient le sens d’un mot et d’une phrase

L’autre grande spécificité des accents dans la langue arabe est dû au fait qu’ils vont modifier le sens d’un mot ou d’une phrase.

Deux mots peuvent s’écrirent avec exactement les mêmes lettres, mais ce qui va faire la différence entre les deux, ce sont les accents qui vont les accompagner.

Par exemple les lettres (كتب), nous sommes d’accord que pour pouvoir les prononcer ensemble, elles doivent être accompagnées par des accents.

Cependant, en fonction de ces accents, le sens sera différent, ainsi :

  • kataba (كَتَبَ) signifie “ écrire “ ;
  • alors que koutouboun (كُتُبٌ) signifie “ des livres “.

Ces notions-là s’étudient en détails avec la conjugaison arabe que l’on appelle la science du sarf.

Ensuite, l’accent présent sur la dernière lettre du mot, a également un impact sur sa fonction grammaticale et donc sur le sens de la phrase.

Afin de bien comprendre l’importance de la dernière voyelle et ses effets sur le sens d’une phrase, observons cela à travers 3 règles grammaticales :

  • at-ta3ajjoub (التَّعَجُّب)
  • le fa3il (الفَاعِل) et le maf3oul bihi (المَفْعُول بِهِ)
  • al man3out (المَنْعُوت).

Précisons ici que le but n’est pas d’expliquer en détail chacune de ces règles, mais simplement de comprendre l’effet qu’un changement de voyelle peut avoir sur le sens d’une phrase.

Première règle : at-ta3ajjoub (التَّعَجُّب)

Pour commencer, quel meilleur exemple pouvons-nous prendre que le récit qui fût la cause de l’établissement des premières règles de grammaire ?

L’érudit Abu al Aswadi Ad-Duali était avec sa fille quand elle lui dit : “ maa ajmalou as-samaa-i “ (مَا أَجْمَلُ السَّمَاءِ), que l’on peut traduire par “ Quel est la plus belle chose dans le ciel ? “.

Il lui répondit : “ an-noujouum “ (النُّجُوم), “ Les étoiles “.

Elle lui expliqua alors qu’elle avait voulu exprimer son ressenti et non pas une question.

Son père lui a donc dit de dire : “ maa ajmala as-samma-a ! “ (مَا أَجْمَلَ السَّمَاءَ), qui signifie “ Que le ciel est beau ! “.

Quelles différences remarque-t-on entre ces deux phrases ?

Dans la première phrase, la fille d’Ad-Duali a prononcé le mot “ ajmal “ (أَجْمَل) avec une dâmma – “ ajmalou “ (أَجْمَلُ) – et le mot “ as-samaa “ avec une kasra “ – as-samaa-i “ (السَّمَاءِ) – donnant à la phrase une tournure interrogative.

Alors que dans la deuxième, les mot “ ajmal “ (أَجْمَل) et “ as-samaa “ (السَّمَاء) sont prononcés avec une fatha, ce qui donne à la phrase le sens de l’admiration, l’étonnement : at-ta3ajjoub (التَّعَجُّب).

On comprend aisément ici l’importance de choisir correctement la harakat de la dernière lettre d’un mot, au risque de créer un malentendu avec son interlocuteur.

Deuxième règle : al fa3il (الفَاعِل) et al maf3oul bihi (المَفْعُول بِهِ)

Dans la grammaire arabe, le fa3il (الفَاعِل) est celui qui fait l’action, c’est l’équivalent du sujet,

Quant au maf3oul bihi (المَفْعُول بِهِ), c’est celui qui subit l’action, il correspond au complément d’objet direct.

Le fa3il (الفَاعِل) se finit toujours par une dâmma, et le maf3oul bihi (المَفْعُول بِهِ) se finit toujours par une fatha.

Exemple : dâraba al rajoulou al walada (ضَرَبَ الرَّجُلُ الوَلَدَ). “ L’homme a frappé l’enfant “.

Dans cette phrase :

  • “ dâraba “ (ضَرَبَ) c’est le verbe ;
  • “ al rajoulou “ (الرَّجُلُ) le sujet ;
  • “ al walada “ (الوَلَدَ) le COD.

Que remarque-t-on ? On note que la règle est respectée :

  • le sujet se termine par une dâmma “ al rajoulou “ (الرَّجُلُ)
  • le COD se termine par une fatha “ al walada “ (الوَلَدَ).

Que se passerait-il si l’on inversait les terminaisons ?

En faisant cela, le sens de la phrase serait complètement différent et ce ne serait plus l’homme qui a frappé l’enfant, mais l’enfant qui a frappé l’homme : dâraba al rajoula al waladou (ضَرَبَ الرَّجُلَ الوَلَدُ).

Le sens de la phrase a donc changé et cela signifie désormais “ L’enfant a frappé l’homme “.

Maintenant, imaginez que ce soit votre enfant qui a été frappé par cet homme, mais que votre interlocuteur inverse les terminaisons comme dans notre exemple.

Vous risqueriez de sanctionner votre enfant alors que c’est lui la victime !

Prenons un autre exemple : shariba mouhammadoun al maa-a (شَرِبَ مُحَمَّدٌ المَاءَ), “ Mohamed a bu de l’eau “.

Le mot “ mouhammadoun “ (مُحَمَّدٌ) se termine par une dâmma, c’est le sujet, et le mot “ al maa-a “ (المَاءَ) se finit par une fatha, c’est donc le complément d’objet direct.

Que se passe-t-il si l’on inverse la terminaison de ces deux mots ?

La phrase n’aura plus aucun sens, car “ shariba mouhammadan al maa-ou “ (شَرِبَ مُحَمَّدًا المَاءُ) signifie : “ L’eau a bu Mohamed “.

Inutile de vous dire que votre interlocuteur risque de vous regarder avec de gros yeux !

Troisième règle : al man3out (المَنْعُوت)

Le man3out est une règle grammaticale indiquant qu’un mot aura la même terminaison (harakat) qu’un autre mot le précédant.

Exemple : jaa-a al amiirou wa al jaishou (جَاءَ الأَمِيرُ وَالجَيْشُ), “ Le prince et l’armée sont venues “.

Ici le man3out c’est “ al jaishou “ (الجَيْشُ) ; la règle est respectée : sa dernière harakat est une dâmma, car le mot qui le précède “ al amiirou “ (الأَمِيرُ) se termine par une dâmma,

Si à l’on avait prononcé le mot “ jaish “ (الجَيْش) avec une fatha, sa fonction grammaticale dans la phrase n’aurait plus été la même, ce qui aurait modifié le sens de la phrase : jaa-a al amiirou wa al jaisha (جَاءَ الأَمِيرُ وَالجَيْشَ)

Le sens n’est plus que le prince et l’armée sont venues, mais “ Le prince est venu avec l’armée. “

Comme vous avez pu le voir au travers ces quelques exemples, les accents dans la langue arabe ne génèrent pas simplement des sons, mais ont une importance capitale pour formuler des phrases correctes et sensées.

La maîtrise de ces harakat passe par l’apprentissage de trois choses :

  • le vocabulaire, ce qui constitue la base ;
  • la grammaire ;
  • la conjugaison.

La mémorisation du vocabulaire vous permettra de commencer à vous exprimer et de reconnaître ces mots facilement à l’écrit, même si les accents ne sont pas retranscrit.

En étudiant la grammaire vous apprendrez à faire des phrases correctes et sensées sans fautes de syntaxe.

Enfin, la conjugaison vous permettra de comprendre et de connaître des milliers de mots supplémentaires sans même les avoir entendu auparavant.

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