Comment étudier la balagha?

La recherche de la science est une des plus grandes adorations par laquelle le serviteur peut se rapprocher de son Seigneur.

On estime que la science d’une personne est proportionnelle à son niveau de compréhension de la langue arabe.

Shaatibi a dit dans son livre Al muwafaqat : (الشَّرِيعَةُ عَرَبِيَّةٌ، وَإِذَا كَانَتْ عَرَبِيَّةً، فَلَا يَفْهَمُهَا حَقَّ الفَهْمِ إِلَّا مَنْ فَهِمَ اللُّغَةَ العَرَبِيَّةَ حَقَّ الفَهْمِ).

“ La législation est arabe, et si elle est arabe, alors ne pourra la comprendre d’une compréhension véritable que celui qui comprend véritablement la langue arabe. “

Avant d’enchaîner : (فَإِذَا فَرَضْنَا مُبْتَدِئًا فِي فَهْمِ العَرَبِيَّةِ, فَهُوَ مُبْتَدِئٌ فِي فَهْمِ الشَّرِيعَةِ، أَوْ مُتَوَسِّطًا فَهُوَ مُتَوَسِّطٌ فِي فَهْمِ الشَّرِيعَةِ، وَالمُتَوَسِّطُ لَمْ يَبْلُغْ دَرَجَةَ النِّهَايَةِ، فَإِنِ انَتَهَى إِلَى دَرَجَةِ الغَايَةِ فِي العَرَبِيَّةِ كَانَ كَذَلِكَ فِي الشَّرِيعَة).

“ Supposons qu’il soit un débutant dans la compréhension de l’arabe, il sera alors un débutant dans la compréhension de la législation ; s’il est moyen, il sera moyen dans la compréhension de la législation, et l’intermédiaire n’a pas atteint le degré ultime, s’il atteint le degré ultime dans la langue arabe, il en sera ainsi dans la législation. “

La langue arabe est vaste et se compose de 12 sciences.

Les plus importantes sont au nombre de 3 :

  • la grammaire ;
  • le sarf ;
  • la balagha.

Ces trois sciences ont toutes une fonction qui leur est propre et l’étudiant a besoin de chacune d’entre elles, car elles se complètent.

Comme il est dit : (هِيَ كُلٌّ لا يَتَجَزَّأ), “ C’est un tout qui est indivisible “.

Pour vous donner une image, le sarf est comme les fondations d’un bâtiment, la grammaire sa construction et la balagha sa décoration.

Celui qui maîtrise la science de balagha sera en mesure d’élever son discours vers les plus hautes sphères de l’éloquence.

Un homme peut avoir acquis beaucoup de science, mais ne pas s’exprimer correctement.

Son écriture est belle, mais lorsqu’il parle, il balbutie, bégaye et ne parvient pas à transmettre ce qu’il souhaite à son interlocuteur.

Les arabes disent : (عَيِِيُّ اللِّسَانِ فَصِيحُ القَلْب), “ (C’est un homme à) la langue est incapable au coeur est éloquent “.

➡ Pourquoi le livre d’Allah est-il le summum de l’éloquence ?

Le Coran n’est pas venu avec de nouvelles règles de sarf et quant à ses versets, ils sont composés des structures grammaticales qu’utilisaient les arabes.

L’un des secrets du Coran réside dans son éloquence, sa clarté et sur l’effet qu’il produit sur le cœur des gens.

Au point que ceux qui l’entendaient s’accordaient sur le fait que ces paroles ne pouvaient pas provenir d’un être humain.

Al ‘Askari a dit : (إِنَّ أَحَقَّ العُلُومِ بِالتَّعَلُّمِ، وَأَوْلَاهَا بِالتَّحَفُّظِ – بَعْدَ المَعْرِفَةِ بِاللهِ جَلَّ ثَنَاؤُهُ – عِلْمُ البَلَاغَةِ، وَمَعْرِفَةُ الفَصَاحَةِ، الَّذِي بِهِ يُعْرَفُ إِعْجَازُ كِتَابِ اللهِ تَعَالَى).

“ La science qui est le plus en droit d’être étudiée et la plus digne qu’on y prête attention – après la connaissance d’Allah (qu’il soit loué) – est la science de la rhétorique et la connaissance de l’éloquence, par laquelle sera connu l’inimitabilité du Livre d’Allah. “

Mais, qu’est-ce que la balagha ? Quelle est son histoire et comment l’étudier ?

Vous le découvrirez dans la suite de cet article.

L’importance de rhétorique arabe

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est important de connaître la différence entre les 3 principales sciences de la langue arabe que sont le sarf, la grammaire et la balagha.

Étudier la science du sarf permet de savoir construire des mots de la bonne manière, pour pouvoir par la suite exprimer sa pensée en utilisant des mots corrects.

Cependant, avoir du vocabulaire ne suffit pas, il faut savoir les assembler entre eux.

C’est en étudiant le nahw, la grammaire arabe, que l’on apprend à formuler des phrases correctes afin que notre interlocuteur comprenne ce qu’on lui dit.

Une fois que la parole ou le discours a un sens, il est encore possible de l’améliorer.

Pour cela, il faut étudier la balagha, la rhétorique arabe.

La balagha permet d’apprendre à enjoliver sa parole et à la rendre la plus claire possible, afin de transmettre un message et d’augmenter son effet sur l’interlocuteur.

C’est pour cela que cette science se nomme al balagha (البَلَاغَة), terme qui vient du verbe “ balagha “ (بَلَغَ) qui signifie “ parvenir, atteindre “.

L’histoire de la balagha est intimement liée au Coran. Elle est née de recherches qui avaient pour but de répondre à une question.

➡ Question qui était : “ Pourquoi le Coran est-il un miracle ? “

Ces recherches donnèrent le nom a une science : (إِعْجَازُ القُرْآن). Al i3jaz est une des caractéristiques du Coran qui font que le livre d’Allah est un miracle.

Le terme “ i3jaaz “ (إِعْجَاز) vient du verbe “ a3jaza “ (أَعْجَزَ) qui signifie “ rendre incapable “.

Le Coran est une preuve de la véracité du Prophète Mohamed (ﷺ) et qu’il est bel et bien le Messager d’Allah.

La preuve a été établie envers les arabes, car ces derniers estimaient être les maîtres de l’éloquence.

Malgré cela, ils ont été incapable de composer quelque chose d’équivalent au Coran.

La balagha a été élaborée dans le but de démontrer le caractère inimitable du Coran.

Ce sont les écrits d’Abu Bakr Abd Al Qahir Ibn Abderrahman Al Jurjani (400-471/ 1009-1078) qui ont servi de fondements et qui ont donné naissance par la suite à la science de la balagha.

Al Jurjani est d’ailleurs surnommé “ le shaykh de la balagha “ (شَيْخُ البَلَاغَة).

Ce dernier a développé, notamment dans son livre (دَلَائِلُ الإِعْجَازِ), un principe abordé brièvement par un de ses contemporains, le savant Abu Soulayman Al Khatabi (319-388/ 931-998).

Pour son travail, il s’est principalement tourné vers l’éloquence du Coran, puis sur les écrits de deux montagnes dans la langue arabe, Sibaway (148-180/ 765-796) et Al Jahiz (159-255/ 776-868).

➡ Maintenant que nous connaissons l’origine de cette science, de quoi s’agit-il exactement ?

Le but de cette science est de permettre à l’étudiant de connaître les secrets d’un discours éloquent, et plus particulièrement d’accéder à la compréhension de la parole d’Allah (ﷻ) et de son Prophète (ﷺ), qui était le plus éloquent des hommes.

Sans avoir étudié cette science, il est impossible de comprendre ses deux sources avec précision et subtilité.

L’objectif de cette science est donc grandiose et très important.

Non seulement la balagha permet d’augmenter sa compréhension de la religion, mais elle enseigne aussi à l’étudiant à élever sa parole vers les sommets :

  • de l’élocution ;
  • de la clarté ;
  • de la beauté de l’expression ;
  • et de sa force d’impact.

Cette science aide également l’étudiant à comprendre un discours de manière précise, de saisir les secrets de l’éloquence de l’expression et d’en connaître ses aspects rhétoriques.

Parmis les sciences de la langue arabes, trois d’entres elles sont appelées (عُلُومُ البَلَاغَة), “ les sciences la balagha “ et forment la science de la balagha.

La balagha se compose donc de 3 sciences :

  1. 3ilm al ma3aani (عِلْمُ المَعَانِي) ;
  2. 3ilm al bayaan (عِلْمُ البَيَان) ;
  3. 3ilm al badii3 (عِلْمُ البَدِيع).

Chacune de ses sciences a un objectif qui lui est propre avec des règles différentes.

À travers 3ilm al ma3aani (عِلْمُ المَعَانِي), l’étudiant apprend les conditions du discours, ainsi que ses différents aspects, et ce, afin qu’il soit en accord avec la situation.

Pour faire simple, cette science aborde les règles du discours permettant, en fonction du contexte et l’interlocuteur, de prononcer la bonne parole, au bon moment et de la bonne manière.

Comme le dit une célèbre citation arabe : (لِكُلِّ مَقَامٍ مَقَالة), “ A chaque circonstance (correspond) un propos (approprié) “.

Avant de parler, la personne doit analyser plusieurs choses : Mon interlocuteur est-il ignorant ou savant ? S’entête-t-il ? La situation est-elle joyeuse ou triste ? Etc.

Avec 3ilm al bayaan (عِلْمُ البَيَان), l’étudiant apprend les règles permettant d’exprimer une seule et même chose, mais avec des styles et des aspects différents.

Plusieurs possibilités s’offrent à nous lorsque l’on souhaite exprimer une idée ou un avis, mais elles n’auront pas le même effet sur notre interlocuteur.

Sachez que le bayan (البَيَان), le fait de s’exprimer clairement, est un bienfait parmi les bienfaits d’Allah (ﷻ).

La preuve de cela réside dans la parole d’Allah (ﷻ) dans sourate Ar Rahman (سُورَةُ الرَّحْمَن) :

﴿ الرَّحْمَنُ (1) عَلَّمَ الْقُرْآَنَ (2) خَلَقَ الْإِنْسَانَ (3) عَلَّمَهُ الْبَيَانَ (4) ﴾
(1) Le Tout Miséricordieux (2) Il a enseigné le Coran (3) Il a créé l’homme
(4) Il lui a appris à s’exprimer clairement.

Enfin, avec 3ilm al badii3 (عِلْمُ البَدِيع), l’étudiant apprend à améliorer et enjoliver sa parole au de niveau de ses termes et de ses significations.

Chacunes de ces trois sciences permettent de concrétiser l’objectif initial : élever sa parole vers les plus hauts degrés de l’élocution, de la clarté, de la beauté de l’expression et de la force d’impact, ainsi que de saisir les secrets d’une parole éloquente.

L’étude de la balagha offre donc à l’étudiant la capacité d’enjoliver sa parole, de comprendre la beauté et les points éloquents d’un discours.

Mais concrètement, comment les arabes conçoivent-ils une parole éloquente ?

Tout d’abord, une parole est un terme désignant une association de mots permettant à celui qui parle d’exprimer une idée, un sentiment…

Il convient donc que les mots choisis soient clairs dans ce qu’ils indiquent.

Le but étant de faire parvenir son message de manière claire à son interlocuteur, afin que le sens de ce message lui apparaisse clairement.

On comprend de cela que le discours doit être adapté à son interlocuteur et que l’éloquence ne réside pas dans la complexité des mots choisis, ni dans le fait qu’un discours soit compris avec difficulté.

Il suffit de méditer sur le Coran, la parole la plus éloquente qui soit, pour se rendre compte de cela.

En effet, la plus grandiose des sourates, sourate Al Fatiha (سُورَةُ الفَاتِحَة), est composée de termes simples et clairs dont chacun peut comprendre le sens général.

Ses termes et ses sens sont d’une clarté étincelante. Prenons par exemple les deux premiers versets :

بِسْمِ اللّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
﴿ الحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ العَالَمِين (1) الرَّحْمَنِ الرَّحِيم (2) ﴾

Au nom d’Allah le Miséricordieux le Tout Miséricordieux
(1) La louange est à Allah le Seigneur des mondes (2) Le Miséricordieux le Tout Miséricordieux

﴿ الحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ العَالَمِين ﴾

Qu’un érudit ou une personne de la masse entende ce verset, il comprendra son sens général.

Toutes les louanges sont un droit d’Allah (ﷻ), Il est celui qui est loué et n’a aucun équivalent dans les louanges qui lui sont adressées. Allah (ﷻ) est digne et mérite la louange et Il est le Seigneur des mondes.

﴿ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم ﴾
Quel que soit son niveau de science, celui qui entend cela comprendra que la miséricorde est une des caractéristiques d’Allah (ﷻ).

Tout un chacun peut saisir le sens général de ce verset et il n’est pas obligatoire qu’il comprenne tout ce qu’il implique, comme la différence entre (الرَّحْمَنِ) et (الرَّحِيم) par exemple.

Telle est la véritable éloquence aux significations sublimes.

L’étude de la balagha permet donc de savoir choisir la meilleure et la plus belle expression pour refléter son message et transmettre des émotions.

Une idée peut s’exprimer de différentes manières, cependant l’une peut être meilleure que les autres et avoir davantage d’effet sur son interlocuteur.

Par exemple, si je souhaite décrire Mohamed comme étant un grand savant, je peux dire tout simplement : (مُحَمَّدٌ عَالِمٌ كَبِير), Mohamed est un grand savant.

Mais pour exprimer cette idée, je peux également dire : (مُحَمَّدٌ بَحْرٌ فِي العِلْم), Mohamed est un océan de science.

Chacunes de ces deux phrases indiquent que Mohamed est un homme de science.

Cependant, le mot “ bahr “ (بَحْرٌ) implique un sens supplémentaire, car cela indique qu’il possède une science de grande envergure.

Mon interlocuteur se représentera alors la science de Mohamed comme étant équivalente à l’étendue de la mer.

Cet objectif dans le choix des mots en concrétise un autre : l’effet du discours sur l’interlocuteur.

Sachez que l’éloquence et la beauté d’une parole agissent sur les gens comme de la sorcellerie.

Le Prophète (ﷺ) a dit dans un hadith rapporté par Al Boukhari : (إنَّ مِنَ البَيَانِ لَسِحْرًا), “ Certes, une partie la parole éloquente est une sorcellerie “.

En effet, un discours éloquent ressemble dans ses effets sur les gens et sur les cœurs à ceux de la sorcellerie.

C’est pour cela que le musulman doit prendre garde à ne pas écouter n’importe qui, car l’éloquence permet de faire passer le faux comme étant la vérité et la vérité comme étant le faux, le mal comme étant le bien et le bien comme étant le mal…

Donc, si l’on vous pose la question “ Qu’est-ce que la balagha ? “

↪ Répondez simplement : La balagha est le nom de la science au travers de laquelle l’étudiant apprend les règles qui lui donneront la capacité de savoir s’exprimer de la bonne manière en fonction de son interlocuteur et du contexte.

Elle lui permettra également de connaître les différentes tournures de phrases, ainsi que certains procédés pour enjoliver sa parole.

Comment étudier la balagha ?

L’étudiant en langue arabe, comme pour toutes les sciences religieuses, doit respecter certaines étapes et emprunter le bon chemin pour arriver à destination.

Ces étapes, qui correspondent au niveau de l’étudiant, sont au nombre de trois :

  1. niveau débutant ;
  2. niveau intermédiaire ;
  3. niveau avancé.

Pour chaque niveau, il y a des livres qui conviendront aux capacités de l’étudiant.

Il est important de construire progressivement ses connaissances, en commençant par les bases et les fondements de cette science, puis en élevant petit à petit sa bâtisse vers les sommets de la balagha.

Pour cela, l’étudiant à le choix entre deux types de livres :

  • les livres classiques sous forme de texte ;
  • les livres sous forme de poèmes, appelés “ nazm “ (نَظْم).

Pour certains, les poèmes seront plus adaptés, pour d’autres il s’agira des textes, mais il est tout à fait possible de varier entre les deux.

L’idéal est d’avoir un professeur, lequel aura la charge de sélectionner les livres en fonction des besoins et des capacités de son élève.

Enfin, il est possible que l’étude de la balagha soit difficile pour certains, mais n’oubliez pas que la science est lourde et requiert de la sincérité, de la patience, de la persévérance et de la régularité.

Précisons également que les livres sélectionnés sont destinés aux étudiants arabophones.

Pour étudier la balagha et en profiter pleinement, l’étudiant doit avoir acquis certaines bases et maîtriser un minimum de règles dans la grammaire arabe et le sarf.

Si vous n’êtes pas encore arabophone et que vous souhaitez avoir le privilège de pouvoir étudier la balagha, découvrez notre propre complet pour devenir arabophone.

Quels livres de balagha étudier ?

Avant de vous présenter les livres que nous avons sélectionnés, sachez que la balagha est une science dans laquelle, selon les livres et les auteurs, il y a des sujets qui contredisent la croyance authentique et la voie des pieux prédécesseurs.

De ce fait, il est primordial d’étudier ces livres avec un shaykh ou un professeur reconnu pour sa bonne croyance.

Nous vous conseillons également l’acquisition du livre (البَلَاغَةُ فِي ضَوْءِ مَذْهَبِ السَّلَفِ الصَّالِحِ فِي الاِعْتِقَاد) d’Abdel Mouhsin Ibn Abdelaziz Al Askar.

Il s’agit d’un livre très bénéfique abordant les points de divergences entre les pieux prédécesseurs et les innovateurs.

Livres pour l’étudiant débutant

1/ دُرُوسُ البَلَاغَة

“ Dourous al balagha “ (دُرُوسُ البَلَاغَة) est un ouvrage contemporain a été écrit par quatre auteurs égyptiens : Hifni Nasif (1272-1338/ 1856-1919), Mohamed Diyab (1269-1339/ 1852-1921), Sultan Mohamed (?) et Mustapha Toumoun (d. 1354 h/ 1935).

Il fait partie des livres éducatifs dont à besoin l’étudiant en balagha, et ce, car il aborde les trois sciences qui la composent.

Les auteurs ont pris soin d’être concis dans chaque sujet, tout en citant les définitions des termes relatifs à la balagha.

Ils ont classé leur livre par thèmes qu’ils ont agrémentés d’exemples employant les règles concernées et ont également cité un grand nombre de versets coraniques et de vers de poésie.

Le résultat est un livre pratique qui permet à l’étudiant de goûter à la science de la balagha.

Afin d’éviter toute confusion, sachez qu’un autre livre a été édité par la suite sous l’appellation (قَوَاعِدُ اللُّغَةِ العَرَبِيَّة).

Ce livre regroupe deux ouvrages des auteurs susmentionnés à l’origine indépendant : (دُرُوسُ البَلَاغَة), que nous vous présentons, et (الدُّرُوسُ النَّحْوِيَّة).

Parmi ceux qui ont expliqué ce livre, le grand savant de notre époque, Shaykh Al Otheymine (1347-1421/ 1926-2001).

Son explication s’avère être très utile pour le débutant.

Nous portons ici à votre attention, que l’explication du Shaykh n’a pas toujours le même titre en fonction des maisons d’édition.

Ainsi, il pourra être intitulé (شَرْحُ دُرُوسُ البَلَأغَة) ou (شَرْحُ البَلَاغَةِ مِنْ كِتَابِ قَوَاعِدِ اللُّغَةِ العَرَبِيَّة), pour autant, il s’agit bel et bien du même livre.

2/ البَلَاغَةُ الوَاضِحَة

“ Al balagha al waadîha “ (البَلَاغَةُ الوَاضِحَة) est un ouvrage qui a été écrit en coopération entre Mustapha Amine et Ali al Jarim (1881-1949).

Il s’agit de la suite d’un de leurs précédents livres, intitulé (النَّحْوُ الوَاضِح), traitant lui de la grammaire arabe.

Grâce à son style académique et aux nombreux exercices qu’il contient, ce livre est idéal pour comprendre et mettre en pratique les règles de la balagha.

3/ الكَافِي فِي البَلَاغَة

L’auteur de “ Al kaafi fii al balagha “ est Ayman Abdel Ghani, un contemporain.

Ce livre, dont le titre complet est (الكَافِي فِي البَلَاغَةِ البَيَانُ وَالبَدِيعُ وَالمَعَانِي), est une référence contemporaine dans la science de la balagha.

L’auteur a expliqué cette science de manière claire et détaillée, en illustrant chaque leçon par de nombreux versets du Coran, des hadiths et des vers de poésie ancienne.

Cet ouvrage s’avèrera indispensable tant pour le débutant, pour lui permettre d’aborder et comprendre cette science, que l’étudiant avancé, qui pourra se remémorer rapidement et de manière claire les diverses leçons.

4/ بُغْيَةُ المُبْتَدِئ

Le dernier livre que nous conseillons à l’étudiant débutant est “ Boughya al moubtadi “ (بُغْيَةُ المُبْتَدِئِ) d’Abu Qays Mohamed Rashid, un contemporain.

Le titre complet de cet ouvrage est (بُغْيَةُ المُبْتَدِئِ فِي تَيْسِيرِ عُلُومِ البَلَاغَةِ لِلْمُبْتَدِئِين).

Il s’agit d’un livre résumé abordant les trois sciences de la balagha et qui a la particularité de se concentrer uniquement sur les règles, sans citer d’exemple pour les illustrer.

Ce livre étant édité avec l’explication de l’auteur, c’est à travers celle-ci que l’étudiant pourra le comprendre.

On peut considérer ce livre comme une préparation au niveau intermédiaire.

En effet, il s’agit en réalité du résumé d’un poème ancien dans la science de la balagha intitulé (الجَوْهَرُ المَكْنُون) d’Al Akhdari, qui est une versification du livre (تَلْخِيصُ المِفِتَاح) d’Al Qazwini.

Livre pour l’étudiant intermédiaire

5/ تَلْخِيصُ المِفْتَاح

L’auteur de “ Talkhis al miftah “ (تَلْخِيصُ المِفِتَاح) est Al Khatib Al Qazwini (666-739/ 1267-1338).

Cet ouvrage ancien est le pivot principal de la majorité des livres traitant de la balagha, au point d’être considéré comme l’équivalent d’Al Alfiya d’Ibn Malik dans la grammaire.

Al Qazwini a extrait et résumé le chapitre sur la balagha du livre (مِفْتَاحُ العُلُوم) d’A-Sakaki (555-626/ 1160-1229).

L’œuvre d’A-Sakaki, qui aborde également la grammaire et le sarf, compte parmi les plus anciennes et les plus importantes dans la science de la balagha.

Parmis les explications de (تَلْخِيصُ المِفِتَاح) les plus bénéfiques, citons (عَرُوسُ الأَفْرَاحِ فِي شَرْحِ تَلْخِيصِ المِفْتَاح) de Baha A-Din A-Soubki (719-773/ 1319-1372).

Livre pour l’étudiant avancé

6/ الإِيضَاح فِي عُلُومِ البَلَاغَة

Al Qazwini est également l’auteur du livre “ Al idâah fii 3ouloum al balagha “ (لإِيضَاحُ فِي عُلُومِ البَلَاغَة).

Il s’agit de l’une des œuvres les plus détaillées et les plus bénéfiques pour l’étudiant avancé.

Ce livre est considéré comme une explication de (تَلْخِيصُ المِفِتَاح) et le prolongement de celui-ci.

Pour écrire son livre, Al Qazwini s’est appuyé, entre autres, sur (مِفْتَاحُ العُلُوم) d’A-Sakaki et sur les ouvrages d’Al Jurjani, puis en a extrait le plus bénéfique.

Deux explications contemporaines de ce livre comptent parmi les plus importantes.

La première est l’œuvre de Abd Al Mouta’al Sa’idi (1311-1386/ 1894-1966) intitulée (بُغْيَةُ الإِيضَاحِ لِتَلْخِيصِ المِفْتَاحِ فِي عُلُومِ البَلَاغَة).

La deuxième est celle de Mohamed Abd Al Mun’im Khafaji (1334-1427/1915-2006) intitulée (الإِيضَاحُ فِي عُلُومِ البَلَاغَةِ لِلْخَطِيبِ القَزْوِينِي شَرْحٌ وَتَعْلِيقٌ وَتَنْقِح).

Poèmes pour l’étudiant débutant

1/ زُبْدَةُ البَلَاغَة

Le poème “ Zoubda al balagha “ (زُبْدَةُ البَلَاغَة) est l’oeuvre d’un contemporain, Mohamed Ibn Abdelaziz Ibn Omar Nasif.

Composé de 50 vers seulement, il conviendra parfaitement au grand débutant dans la balagha et servira d’introduction permettant à l’étudiant de se faire une représentation de cette science.

2/ مِائَةُ المَعَانِي وَالبَيَان

Le poème “ Mi-a al ma3aani wa al bayan “ (مِائَةُ المَعَانِي وَالبَيَان) est une oeuvre ancienne de Mohamed Ibn Mohamed Ibn Shihna (749-815/ 1348-1412).

Ce poème composé de 100 vers est en quelque sorte un résumé du livre (تَلْخِيصُ المِفِتَاح) d’Al Qazwini.

Il s’agit de l’un des meilleurs ouvrages que l’on puisse étudier au niveau débutant, car il regroupe l’ensemble des chapitres de la balagha de manière résumée, ce qui facilite sa compréhension, sa mémorisation et la révision des notions.

Cependant, avant de passer à ce poème, il est conseillé d’avoir préalablement étudier un autre livre dans la balagha tel que (زُبْدَةُ البَلَاغَة) ou (دُرُوسُ البَلَاغَة).

Le poème d’Ibn Shihna a été énormément expliqué, tant par des savants anciens que contemporains.

Parmi le explications anciennes, citons (دُرَرُ الفَرَائِدِ المُسْتَحْسَنَةِ فِي شَرْحِ مَنْظُومَةِ ابْنِ الشِّحْنَة) d’Abdelhaq Al Oma’i (d 1024 h/ 1615) et (دَفْعُ المِحْنَةِ عَنْ قَارِئِ مَنْظُومَةِ ابْنِ الشِّحْنَة) de Mohamed Ibn Abdelkader Al Ahdal (d 1266 h/ 1850).

Quant aux contemporains, citons (الجَوَاهِرُ الحِسَانُ شَرْحُ نَظْمِ مِائَةِ المَعَانِي وَالبَيَان) d’Ibrahim A-Souraihi.

Ce dernier a étudié ce poème à de nombreuses reprises, puis il a regroupé dans un livre les paroles des anciens et des contemporains.

Poème pour l’étudiant intermédiaire

3/ الجَوْهَرُ المَكْنُون

“ Al jawhar al maknoun “ est poème d’Abderrahman Ibn Sâghir Al Akhdari (920-953/ 1512-1545).

Le titre complet de cet ouvrage est (الجَوْهَر المكنون في صَدْفِ الثَّلاثَةِ الفُنُون). Composé de 291 vers, il s’agit d’une versification du livre d’Al Qazwini (تَلْخِيصُ المِفِتَاح).

Ce poème est un des ouvrages les plus adaptés au niveau intermédiaire.

Parmi les explications les plus bénéfiques et les plus connues de ce poème, citons celle d’Ahmed Ibn Abderrahman Damanhouri (1101-1192/ 1690-1778) intitulée (حِلْيَةُ اللُّبِ المَصُونِ بِشَرْحِ الجَوْهَرِ المَكْنُون).

Poème pour l’étudiant avancé

4/ عُقُودُ الجُمَان

L’auteur de “ 3ouqoud al joumaan “ (عُفُودُ الجُمَان) est le célèbre savant Al Hafiz A-Souyouti (849-911/ 1445-1505).

Ce poème, dont le nom complet est (عُفُودُ الجُمَان فِي عِلْمِ المَعَانِي وَالبَيَان), est également une versification de (تَلْخِيصُ المِفِتَاح) d’Al Qazwini.

Cependant, A-Souyouti a complété le texte de base de notions supplémentaires, faisant atteindre à son poème le nombre de 1006 vers.

A titre de comparaison, le poème précédent (الجَوْهَر المكنون) en comptait moins de 300.

Le poème d’A-Souyouti est l’œuvre la plus adaptée à l’étudiant qui a atteint un niveau avancé dans la science de la balagha.

Pour le comprendre, citons deux explications.

La première est celle de l’auteur lui-même intitulée (شَرْحُ عُفُودِ الجُمَان فِي عِلْمِ المَعَانِي وَالبَيَان).

Quant à la deuxième, elle a été écrite par Abderrahman Al Murshidi (975-1037/ 1567-1628).

Intitulée (الدُّرَرُ الحِسَانُ شَرْحُ عُفُودِ الجُمَان فِي عِلْمِ المَعَانِي وَالبَيَان), il s’agit de l’une des explications les plus vaste de l’oeuvre d’A-Souyouti.

Que faire ensuite ?

Une fois que l’étudiant aura étudié un ou plusieurs ouvrages de chaque niveau, il pourra compléter son apprentissage en se tournant vers des livres plus anciens fondateurs de cette science, tel que les deux livres d’Al Jurjani :

  • (دَلَائِلُ الإِعْجَاز) dont le sujet principal est (عِلْمُ المَعَانِي) ;
  • (أَسْرَارُ البَلَاغَة) dont le sujet principal est (عِلْمُ البَيَان).

Si l’étudiant souhaite profiter pleinement de cette science et en récolter les fruits, il convient d’étudier en parallèle la littérature arabe, appelée “ al adab “ (الأَدَب), car dans ces livres, la balagha est directement mise en pratique.

Pour conclure, nous ne répéterons jamais assez qu’il est primordial d’étudier chacun des livres que nous avons cité dans cet article en revenant vers des personnes de science reconnues pour leur bonne croyance, et ce, afin de se préserver de toute ambiguïté.

Quel que soit ton niveau, comprends enfin l'arabe littéraire comme il se doit