Les mots français d origine arabe que l’on utilise au quotidien
Quel est le point commun entre des mots aussi différents que : café, chiffre, jupe, bougie, cafard, épinard et magasin ?
↪ Ils ont tous issus de la langue arabe.
Ce ne sont que des exemples parmi d’autres, et ce, dans énormément de domaines.
En effet plus de 500 mots proviennent de l’arabe, ce qui en fait la troisième langue d’emprunt du français, derrière l’anglais et l’italien.
A titre de comparaison, seulement 150 mots sont d’origine gauloise.
Plus d’une centaine de ces emprunts linguistiques sont à usage régulier. Certains paraissent logiques, d’autres peuvent se deviner, mais c’est une découverte pour beaucoup d’entre eux.
Même si l’arabe n’est pas toujours l’origine première de ces mots, c’est par son biais qu’ils nous sont parvenus et ont intégré notre langue.
Alors que l’arabe et le français semblent aussi éloignés que l’orient et l’occident, la linguistique et ses mystères pourraient bien vous surprendre.
De là à y voir une raison de plus pour apprendre l’arabe, c’est un pas que je vous laisse franchir.
Les causes de ces emprunts linguistiques
Lorsqu’une langue intègre dans son lexique un terme ou une expression d’une autre langue sans le traduire, on appelle cela un emprunt linguistique ou un emprunt lexical.
Généralement ces mots d’emprunt s’adaptent aux règles de la langue dite d’accueil.
Ce phénomène découle de la nécessité pour une communauté de nommer une chose qui leur était inconnue et ainsi enrichir leur lexique.
Ces emprunts peuvent être :
- directs : la langue française a emprunté directement un mot de la langue arabe ;
- ou indirects : la langue française a emprunté un mot à la langue arabe par l’intermédiaire d’une ou plusieurs langues vecteurs.
Beaucoup de mots du français découlent de ces emprunts linguistiques, même s’ils ont parfois perdu le sens qui était le leur en arabe.
L’influence de la langue arabe sur le français et les langues occidentales en général, est le fruit de la domination linguistique de la culture arabophone dans de nombreux domaines, et ce, jusqu’au 8ème siècle.
Par la suite, l’Espagne musulmane, Al Andalus, apportera également son lot de vocabulaire au français.
Rappelons que le sud de la France et la péninsule ibérique ont été sous domination musulmane jusqu’en 1492.
Ensuite, la langue arabe a continué à influencer les langues occidentales via les échanges commerciaux, les phénomènes migratoires et la colonisation.
Les emprunts linguistiques sont communs à toutes les langues, et l’arabe n’échappe pas à la règle.
Ainsi, certains termes ont été arabisé et s’utilisent dans le langage littéraire, comme “ fiidiyouu “ (فيديو), qui signifie “ vidéo ” .
Autour de la table
“ Le plaisir de la table est de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les pays et de tous les jours. “
Dès lors, pas étonnant que notre langage culinaire regorge de mots d’origine arabe.
1/ Café
Le mot “ café “ est d’origine arabe et est entré dans la langue française par le biais du turc “ kaweh “ qui signifie “ vigueur “ venant de l’arabe “ qahwa “ (قَهْوَة).
D’ailleurs, en argot, certains diront qu’ils boivent un “ kawa “.
De nos jours, les arabes utilisent le terme “ qahwa “ pour désigner le café, mais à une époque, il pouvait aussi être utilisé pour parler du vin.
2/ Sirop
Le sirop nous vient du latin “ syrupus “, un terme dérivé de l’arabe “ sharaab “ (شَرَاب) qui signifie “ boisson “.
C’est au temps des croisades que les croisés ont découvert cette boisson. Ils l’apprécièrent tellement, que le terme arabe fût conservé et devint “ syrupus “.
3/ Moka
Le moka est le nom d’une variété de café cultivée en Arabie qui tient son appellation de la ville portuaire Mokha (المُخَا) au Yémen.
Au début du 8ème siècle, Mokha fût le tout premier port d’exportation mondial des grains de café.
En français, le moka nous évoque généralement la boisson préparée à base de café, de chocolat et de crème fouettée.
4/ Sucre
Le sucre nous vient de l’italien “ zucchero “ , terme emprunté à l’arabe “ sukkar “ (سُكَّر).
Les arabes ont été les pionniers de l’industrialisation des premières sucreries, raffineries et plantations de canne à sucre.
L’occident à réellement découvert le sucre de lors des premières croisades au début du 12ème siècle.
5/ Harissa
La célèbre harissa, sauce piquante obtenue à partir de piments rouges broyés et d’épices, vient de l’arabe “ hariisa “ (الهَرِيسَة) qui signifie littéralement “ purée “.
Ce terme arabe a pour racine le verbe “ harasa “ (هَرَسَ) qui signifie » broyer, concasser, écrabouiller ».
La harissa a été inventée en Tunisie au 16ème siècle, où elle est d’ailleurs élevée au rang de sauce nationale.
6/ Merguez
Le terme merguez, nous vient de l’arabe maghrébin “ mirqaaz “ (مِرْقَاز) qui signifie saucisse.
La merguez, véritable star des barbecues, a été introduite en France par les pieds-noirs dans les années 50.
7/ Méchoui
Le terme méchoui nous vient de l’arabe “ mashwiyy “ (مَشْوِيّ) et désigne un plat culinaire d’Afrique du Nord.
La viande, généralement de mouton ou d’agneau, est cuite et grillée au feu de bois.
Le terme arabe a pour racine le verbe “ shawaa “ (شَوَى) qui signifie “ cuire sur le feu “.
Les sciences
La science arabe médiévale a eu une grande influence sur l’occident et cela s’est manifesté par l’emprunt de nombreux termes scientifiques dans de nombreux domaines tels que les mathématiques, la chimie et la médecine.
8/ Chiffre et zéro
Le terme “ chiffre “ provient de l’ancien français “ cifre “ qui nous vient du latin médiéval “ cifra “ emprunté à l’arabe “ sîfr “ (صِفْر) qui correspond uniquement au chiffre zéro.
Le chiffre zéro est également issu de l’arabe “ sîfr “ (صِفْر) et nous est parvenu par le biais du latin médiéval “ zephirum “ qui donna en italien “ zefiro “, puis “ zéro “ par contraction.
En français, le mot chiffre a eu plusieurs sens.
Au départ, il correspondait à ce que l’on appelle aujourd’hui le zéro. Il désigna ensuite l’ensemble du système numérique arabe.
Enfin, le terme chiffre fut remplacé par le terme zéro pour désigner une valeur nulle.
9/ Algèbre
L’algèbre est une branche des sciences mathématiques et est un terme est hérité du latin médiéval “ algebra “ qui nous provient de l’arabe “ al jabr “ (الجَبْر).
“ Al jabr “ est un terme utilisé par le mathématicien et astronome Al-Kwarizmi dans son livre “ Kitāb al-mukhtaṣar fī ḥisāb al-jabr wa-l-muqābala – Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison “.
10/ Chimie et alchimie
De nos jours, ces deux mots n’ont pas le même sens en français, mais proviennent du terme arabe “ al kiimiyaa “ (الكِيمِيَاء), qui, selon le contexte dans lequel il est utilisé, peut signifier “ la chimie “ ou “ l’alchimie “.
En français, ces deux termes se séparent au 18ème siècle.
La chimie abandonne la quête de la pierre philosophale qui est le but ultime de l’alchimie (transformer tous types de métaux en or et fabriquer un élixir de longue vie), pour se tourner vers une démarche scientifique de l’étude de la matière et de ses composants basée sur l’expérimentation.
11/ Algorithme
Le terme algorithme nous vient du latin “ algorismus “ qui est dérivé du nom d’un mathématicien perse du 9ème siècle : Mohamed Al Kwharizmi (مُحَمَّدٌ الخَوارِزمي)
Considéré comme le père de l’algèbre, il est notamment l’auteur du premier ouvrage sur ce sujet intitulé “ Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison “.
12/ Alcool
Avant d’être utilisé pour ce liquide incolore obtenu par distillation, le mot alcool vient du terme espagnol “ alcohol “, lui même emprunté à l’arabe “ al kouhl “ (الكُحْل).
Dans la pharmacie ancienne et dans l’alchimie, al kouhl désignait une très fine poudre d’antimoine.
13/ Élixir
Le terme élixir a été emprunté à l’arabe “ al iksiir “ (الإِكْسِير) via le latin médiéval “ elixir “.
Al iksiir fait référence à la pierre philosophale, substance dont les alchimistes prétendaient qu’elle permettait de vivre plus longtemps ou de transformer n’importe quel métal en or.
Les vêtements
Parmis les vêtements qui garnissent nos armoires, il n’y pas que le traditionnel qamis qui est issu de l’arabe, et certains habillent tout le monde, musulman ou non.
14/ Jupe
A notre époque le terme “ jupe “ désigne un vêtement exclusivement féminin. La jupe nous vient de l’italien giubba ou jupa, hérité de l’arabe “ joubba “ (الجُبَّة).
Al joubba désigne une longue toge ouverte sur le devant et aux manches larges, qui se porte par-dessus les vêtements.
Avant que ce terme s’impose définitivement en français, la jupe était appelée “ cotillon “.
15/ Sarouel
Le sarouel, que l’on retrouve également écrit serouel, saroual ou sarwel, désigne un pantalon ample, porté autant par les hommes que par les femmes.
Ce terme a été emprunté à l’arabe “ sirwaal “ (سِرْوَال) qui signifie “ pantalon “.
Le sarouel a fait son apparition en France et en Europe suite à la colonisation de l’Algérie au 19ème siècle.
16/ Babouche
Il y a plusieurs hypothèse sur l’origine du mot babouche et l’une d’elle voudrait qu’il soit emprunté à l’arabe “ baabouush “ (بَابُوش).
Les babouches sont des chaussures traditionnelles du monde arabo-musulman, aussi bien portés en intérieur qu’en extérieur, confectionnés à partirde cuir de chèvre, ou de mouton, ou de veau.
Les objets
Qu’ils soient à usage pratique ou décoratif, nos maisons sont truffées d’objets du quotidien dont les appellations ont été empruntées à la langue arabe.
17/ Matelas
Présent dans tous les foyers, le matelas n’en reste pas moins un mot issu de la langue arabe.
Il nous est parvenu via l’ancien français “ materas “, issu quant à lui de l’italien “ materasso “, terme emprunté à l’arabe “ matrah “ (مَطْرَح), du verbe “ târaha “ (طَرَحَ) qui signifie “ étaler/jeter à terre “.
Le terme “ matrah “ désigne le lieu où était étalée la couche sur laquelle les arabes dormaient et non pas l’objet que nous connaissons actuellement.
Ce concept de couchage a été importé en Occident au Moyen- ge au temps des croisades.
18/ Sofa
Malgré une sonorité italienne, le mot sofa, d’abord écrit “ soffa ”, puis “ sopha “, nous vient de l’arabe “ sôuffa “ (صُفَّة), via le turc “ sofa “.
Bien que nous l’utilisons pour désigner un petit canapé, le terme arabe faisait lui référence à une estrade surélevée couverte de tapis et de coussins sur laquelle ils pouvaient se reposer sur leur flanc ou honorer leurs invités.
19/ Tasse
Si la tasse et le café vont de paire, il en est de même quant à leurs origines. Comme “ café “, le mot tasse a été emprunté à l’arabe “ tâas “ (طَاس).
Ce mot nous est parvenu via l’italien “ tazza “ ou l’occitan “ tassa “, suite à l’importation des poteries orientales
20/ Carafe
Le mot carafe provient de l’italien ” caraffa “, probablement emprunté à l’espagnol “ garrafa “ au 16ème siècle, lui-même issu de l’arabe “ ghourfa “ (غُرْفَة).
Le terme “ ghourfa “ désigne en arabe tout ce qui est puiser à la main et découle du verbe “ gharafa “ (غَرَف) qui signifie “ puiser à la main “.
21/ Bougie
La bougie a été inventée au 19ème siècle et doit son appellation à la ville de Béjaïa (بِجَايَة) en Algérie dont provenait la majeure partie de la cire utilisée dans leur fabrication.
Au temps de la présence française en Algérie, Béjaïa avait d’ailleurs été renommée Bougie.
Les arts et métiers
La langue arabe a également apporté au français des termes en lien avec des métiers ou des compétences.
22/ Massage
Thérapie populaire et millénaire, le mot massage tire son nom de l’arabe massa (مَسَّ) qui signifie “ toucher “.
23/ Maroquinerie
La maroquinerie provient du mot maroquin, qui désigne une peau de chèvre tannée originaire du Maroc.
La maroquinerie est beaucoup plus générale de nos jours et indique dans le langage courant, un magasin où l’on vend des articles confectionnés à partir du cuir, mais également de tissus ou de matières synthétiques.
Ce terme, qui serait un dérivé de “ Maroc “ (المَغْرِب) ou “ marocain “ (مَغْرِبِي), a vu le jour en 1835 avec la création du premier portefeuille.
24/ Amiral
Dans la marine, le terme amiral désigne le grade le plus élevé.
Il a été utilisé pour la première fois en 1248 par Louis IX lorsqu’il institua la charge d’amiral pour diriger la flotte armée de la 7ème croisade.
Il a été emprunté à un terme arabe composé de deux mots.
Pour le premier, il est attesté qu’il s’agit de “ amiir “ (أَمِير) qui signifie commandant.
Quant au second, il y a plusieurs hypothèses dont : amiir al bahr (أَمِيرُ البَحْر), littéralement “ commandant de la mer “, et amiir al 3alyy (أَمِيرُ العَلِيّ), “ haut commandant “.
Les animaux
Chez nos amis les animaux, certains doivent aussi leur nom français à la langue arabe.
25/ Gazelle
Les gazelles sont des petites antilopes élancées, agiles et très rapides, que l’on retrouve notamment dans le Sahara.
Le terme gazelle nous provient de l’arabe “ ghazaal “ (غَزَال) via le latin médiéval “ gazela “.
26/ Girafe
La girafe doit son appellation française à l’italien “ giraffa “ issu de l’arabe “ zaraafa “ (زَرَافَة).
Avant d’emprunter son nom à l’arabe, la girafe était appelée camélopard, du latin camelopardus (contraction des formes latines de chameau et léopard).
27/ Cafard
Le mot cafard est issu de l’arabe “ kaafir “ (كَافِر) qui signifie “ mécréant, infidèle “, et n’a donc rien à voir avec cet insecte qui nous répugne tant.
D’ailleurs, lorsqu’il apparaît pour la première fois dans le dictionnaire au 16ème siècle, le cafard désignait un mécréant fourbe, sans foi ni moralité.
Le genre de personnage qu’on imagine vêtu d’habits sombres, tapi dans l’obscurité pour cacher sa malveillance.
C’est là que le lien entre les deux se fait, car n’est-ce pas le propre de ces insectes d’infecter les recoins les plus sombres de nos maisons ?
28/ Albatros
L’albatros est un oiseau à l’envergure inégalée faisant de lui un voilier exceptionnel parfait pour ses longs voyages.
Son appellation a d’ailleurs voyagé avant de nous parvenir.
Elle nous vient de l’anglais “ albatross “, lui-même issu de l’espagnol ou du portugais “ alcatraz “, terme emprunté à l’arabe “ al ghattâas “ (الغَطَّاس) qui signifie “ le plongeur “.
Ce terme est plus général en arabe et désigne une catégorie d’oiseau, cependant l’albatros se dit ” al qatras “ (القَطْرَس).
Les plantes, les légumes et les fruits
La terre est vaste et ce qui en sort trouve parfois son nom dans les racines de la langue arabe.
29/ Épinard
Les épinards ont été introduit en Andalousie par les arabes au 11ème siècle, mais n’arrivent en France qu’au début du 13ème siècle.
Ce terme nous vient de l’arabe “ isbinaakh “ (اِسْبِنَاخ), “ isbaanaakh “ (اِسْبَانَاخ), “ sabaanakh “ (سَبَانَخ), lui-même originaire du persan “ isfanaaj “ (اِسْفَنَاج).
Surnommé l’herbe de perse, l’épinard a été popularisé en France par Catherine de Médicis au 16ème siècle.
30/ Safran
Le safran, épice indispensable à la préparation de la paëlla notamment, est un terme qui provient du latin médiéval “ safranum “ emprunté à l’arabe “ za3fraan “ (زَعْفْرَان).
Bien que son nom soit d’origine arabo-persane et qu’il soit fait mention il y a plus de 4000 ans d’un village sur les bords de l’Euphrate appelé Azupirano qui signifie “ ville du safran “, le safran n’en était pas moins présent dans de nombreux continents, cultures et civilisations.
31/ Orange
L’orange est le nom d’un fruit introduit en Sicile par les arabes au 11ème siècles nommé “ naarandj “ (نَارَنْج), terme qui nous est parvenu via l’italien “ arancia “.
Cependant, dans la langue arabe, naarandj fait référence à une orange amère, alors que celle que nous consommons de nos jours est une orange dite douce, importée de Chine par les portugais à la fin du 15ème siècle.
En arabe, l’orange douce est appelée “ bourtouqaal “ (بُرْتُوقَال), qui est issu de “ Portugal “.
Enfin, pour l’anecdote, c’est le fruit qui à donné son nom à la couleur et non l’inverse.
32/ Estragon
L’estragon est une herbe aromatique dont l’appellation provient de l’arabe “ târkhouun “ (طَرْخُون) qui donna “ targon “ qui était le premier nom de l’estragon en vieux français.
A une époque, les herboristes croyaient que cette plante aux racines à la forme serpentine, d’où elle tire son nom, pouvait guérir les morsures des animaux venimeux.
33/ Artichaut
Le terme artichaut nous vient du lombard “ articiocco “ emprunté à l’arabe “ karshuuf “ (كَرْشُوف).
L’artichaut aurait été introduit au Moyen-Age par les arabes en Andalousie, puis en Sicile lorsque celle-ci était une colonie espagnole.
34/ Abricot
Le mot abricot est issu de l’arabe “ al barqouuq “ (البَرْقُوق), terme issue quant à lui… du latin.
Les Romains cultivaient les abricots et remarquèrent qu’une catégorie mûrissait plus vite que les autres et le surnommèrent “ praecoquus “ – le précoce.
Les arabes empruntèrent ce terme pour désigner les abricots dans leur ensemble, mais le prononcèrent “ al braqouuq “ (البَرْقُوق).
C’est ainsi que le terme “ barqouuq “ arriva en Espagne via la conquête musulmane au 8ème siècle, mais les espagnols le prononcèrent “ albaricoque “.
Enfin, au 16ème siècle, les français lui donneront la forme que nous lui connaissons aujourd’hui : abricot.
Notons que “ barquuq “ (البَرْقُوق) désigne en arabe la prune, mais que l’abricot se dit “ mishmish “ (مِشْمِش).
35/ Pastèque
La pastèque tient son nom du portugais “ pateca “ issu de l’arabe “ bittîikh “ (بِطِّيخ) qui signifie “ melon d’eau “.
D’abord appelée “ patèque “ en français (16ème s.), le “ s “ de pastèque n’a fait son apparition qu’au 17 ème siècle.
Les tissus
A la lumière des mots précédents, on remarque que de nombreux emprunts linguistiques résultent de faits historiques tels que la conquête de l’Andalousie par les musulmans ou encore les croisades.
Les tissus et autres matières n’échappent pas à la règle.
36/ Coton
La culture du coton a été introduite en Andalousie et en Sicile par les arabes, plante qui au 10ème siècle fût cultivée dans quasiment tout le monde musulman de l’Iran à l’Andalousie.
Le terme français “ coton “ apparaît au 17ème siècle et est issu de l’espagnol “ algodon “ emprunté à l’arabe “ al qoutn “ (القُطْن).
37/ Mousseline
La mousseline est un terme général qui désigne une toile de coton légère, aérée et vaporeuse
Ce mot apparaît en français au 17ème siècle et provient de l’italien “ mussolina “ qui désigne du tissu, de la toile de coton ou de la laine importée de la ville de Mossoul en Irak et dont le nom arabe est “ al mawsîl “ (المَوْصِل).
38/ Satin
Le satin est une étoffe de haute qualité, particulièrement lisse, soyeuse et brillante, originaire de Chine.
Le nom de ce tissu provient de l’arabe “ zaytouun “ (زَيْتُون) issu du nom de la ville chinoise de Tsia-toung, nom médiéval de Quanzhou, et qui était au Moyen Age un des principaux ports d’expédition de la soie.
Les lieux
Nous devons à la langue arabe plusieurs noms de lieux, allant du lieu de détente au lieu de commerce.
39/ Magasin
Le mot “ magasin “ provient de l’arabe “ makhaazin “ (مَخَازِن) qui est le pluriel de “ makhzan “ (مَخْزَن) qui signifie “ entrepot/dépot “.
Il nous est parvenu par l’intermédiaire de l’italien “ magazzino “ ou du latin médiéval “ magazenum “.
Dans le langage courant, il indique un établissement de commerce, mais son sens premier désigne un lieu de stockage, un entrepôt.
40/ Douane
Le terme douane est issu de l’arabe “ diiwaan “ (دِيوَان) qui signifie “ registre “ qui a également donné le mot “ divan “.
Pour désigner la douane telle que nous la comprenons, les arabes parlent de “ jamaarik “ (جَمَارِك).
41/ Hammam
Le hammam est une évolution des bains romains et désigne un bain de vapeur à l’orientale diffusant une chaleur humide.
Cette pratique s’est ensuite répandue au Moyen-Orient, puis en Andalousie, avant se popularisée en Europe occidentale au 19ème siècle.
Le terme hammam a été emprunté à l’arabe “ hammaam “ (حَمَّام) qui désigne un endroit individuel, que l’on traduira par “ salle de bain “, ou collectif, dans lequel on se lave à l’eau chaude.
Les expressions
Pour terminer cet article sur une note plus légère, découvrez des expressions populaires qui trouvent leurs origines dans la langue arabe.
42/ J’ai kiffé
Kiffer quelque chose ou quelqu’un, c’est l’aimer ou l’apprécier fortement.
Ce mot est un dérivé de “ kif “, lui-même emprunté à l’arabe “ al kayf “ (الكَيف) qui désigne la joie, un grand plaisir.
Il nous est parvenu par l’intermédiaire de l’arabe maghrébin dans lequel “ kif “ désigne une drogue hallucinogène à base de plantes.
En français, il a été associé à l’alcool jusqu’au 17ème siècle, avant de définir à partir du 18ème siècle, toute substance qui pouvait provoquer un plaisir factice.
43/ Un chouïa
Un chouïa, signifie un petit peu. C’est une expression familière issu de l’arabe maghrébin “ shwiyya “ (شْوِيَّة), dérivé de l’arabe littéraire “ shouyay “ (شُيَيْء).
Ce dernier est issu du mot “ shay “ (شَيْء), qui signifie “ chose “, via une procédé linguistique impliquant le fait de rendre peu ou petit le mot ainsi transformé.
44/ J’ai le Seum
Avoir le seum c’est avoir la haine, être dégouté ou énervé. Cette expression nous vient de l’arabe “ soumm “ (سُمّ) qui signifie “ poison/venin “.
45/ C’est le souk ici
Cette formule est utilisée en français pour désigner un lieu où il y a beaucoup de bruit et de désordre.
Par analogie, elle a été empruntée à l’arabe “ souuq “ (سُوق) qui signifie “ un marché “, lieu généralement bruyant où il y a des choses un peu partout.
46/ T’es maboul ?
Le terme maboul s’utilise pour qualifier quelqu’un de fou et est issu de l’arabe “ mahbouul “ (مَهْبُول) qui signifie également “ fou “.
47/ Range ta chambre et fissa !
“ fissa “ est une expression utilisée pour presser la personne à qui l’on s’adresse.
Elle provient de l’arabe “ fii a-ssaa3a “ (فِي السَّاعَة) qui signifie “ dans l’heure “ et a été introduite dans la langue française au 19ème siècle par les soldats présents en Afrique du Nord.
48/ Ce sale clébard !
Ce terme, tout comme son dérivé “ clebs “, est utilisé dans le langage populaire pour qualifier un chien sur un ton péjoratif.
Il est issu de l’arabe “ kalb “ (كَلْب) qui signifie également “ chien “, mais qui n’a pas de connotation hostile comme en français.
49/ Allez voir le toubib
Un toubi désigne dans le langage familier un médecin.
A l’origine, c’est un mot de l’argot militaire pour désigner le médecin-major qu’utilisaient les soldats d’Afrique du Nord au milieu du 19ème siècle.
“ Toubib “ a été emprunté à l’arabe “ tâbiib “ (طَبِيب), qui signifie “ médecin “.
50/ Il a fait une razzia
Faire une razzia c’est “ tout prendre, tout rafler “.
Cette expression est issue de l’arabe “ ghazwa “ (غَزْوَة) qui signifie “ expédition “.
Ce terme a été repris par les soldats français en Algérie pour nommer les expéditions contre les tribus arabes d’Algérie.
Ce petit inventaire d’emprunts linguistiques, démontre l’influence indélébile de la langue arabe sur le français.
Rien ne laisse penser que ce phénomène va s’arrêter, les jeunes issus de l’immigration continueront toujours d’enrichir notre vocabulaire.
Le mot “ kiffer “, qui a d’abord été employé par les jeunes avant de se populariser, en est le meilleur exemple puisqu’il a récemment fait son entrée dans le Petit Robert et le Petit Larousse.
Même en étant arabophone, on ne fait pas forcément le rapprochement entre le français et l’arabe, mais une fois que le lien est établi, cela permet de comprendre plus facilement l’évolution d’un mot.
Si vous souhaitez en connaître davantage sur la langue arabe, suivez notre programme gratuit et disponible sur notre site internet Apprendre-larabe-facilement.com.
Qui sait, peut-être que dans le futur vous serez vous aussi la cause d’un nouvel emprunt linguistique !